Mon gros ego sur le net!
Ancelle, un village au nom prédestiné pour se mettre en selle!
Ra(S)ta !
Après avoir renoncé à la RAS, préparer la RATA en un temps restreint représentait un challenge qui n’avait rien pour me déplaire. En dehors de l’accomplissement de l’épreuve en elle-même, l’entraînement et les longs raids montagnards qu’il faut réaliser pour se présenter au départ constituent déjà une sélection naturelle. Si la tâche peut sembler rebutante, je m’y suis toujours livré avec un réel plaisir.
Deux journées particulièrement intenses resteront gravées dans ma mémoire, comme les vestiges d’une préparation qui ne débouchera sur rien. Ces deux belles sorties montagnardes justifient à elles seules l’envie de faire du vélo. La première avait pour décor les Hautes-Alpes entre Champsaur, Gapençais et Serre-Ponçon, sous un ciel hésitant entre orages et timides éclaircies. A l’arrivée le bilan se soldait par un cumul de 4500 mètres de dénivelées pour un peu moins de 160km. J’avais eu la bonne idée d’emporter l’appareil photo, on ne sait jamais si l’envie me prenait de le raconter sur le net.
La seconde sortie était rendue hasardeuse par une météo encore plus capricieuse. A coup d’improvisations en fonction de l’évolution des nuages et de la pluie je m’en étais sorti avec un bel enchaînement assez peu académique entre Chamrousse escaladé par deux versants, le Balcon de Belledonne par l’ultra classique Pérérrée-Revel-Croix de Pinet, Freydière, Prapoutel. Avec 230km, la barre des 200km était enfin franchie, et la dénivelée atteignait un cumul plutôt encourageant de 5 800m de dénivelée. Tout cela c’était début mai, la forme en courbe ascendante me faisait croire en mes chances d’approcher le chrono de 23h28 réalisé à la RATA 2005. Une troisième sortie d’anthologie était programmée avant de partir pour l’assistance au RPE. Cet élan s’est arrêté dans la petite descente du Rivier en montant à la Croix de Fer.
Au dessus du Lac de Serre Ponçon, le sublime belvédère de St Apollinaire.
Un jour au dessus du Lac de Serre-Ponçon.
Samedi 1er mai, c’est la fête du travail, en ce jour férié bouffé par le week-end j’ai décidé de bosser. Traduire : grosse envie d’enchaîner des bosses. Comme souvent dans les Hautes Alpes, nous établissons notre point de chute à Ancelle, un nom prédestiné pour mettre le cul sur la selle, petit station village au dessus de Gap où j’ai appris à aimer la montagne à 4 ans et le vélo en montagne à 16 ans.
Le col de Moissière et le Collet d’Ancelle pour débuter, deux petits cols abordés par leurs versants modestes qui m’ont vu passer depuis de nombreuses années soit les planches de ski aux pieds, soit avec des chaussures de randonnées, soit sur un vélo, je ne compte plus les souvenirs associés à ces lieux qui se bousculent dans ma tête.
Au col de Moissière, la vue s'étend au sud du gapençais.
Les experts appercevront le Mont Colombis.
Le col de Moissière au pied des pentes de Costebelle appréciées des skieurs.
En arrière plan le sommet de l'Arche.
La vue au Nord du col de Moissière en direction du Vieux Chaillol.
Le Chapeau de Napoleon qui ressemble à tout sauf au
Chapeau de Napoleon sous cet angle!
Le collet d'Ancelle permet de contourner le Puy de Manse.
A la poursuite d’un ciel plus clément, mes roues me conduisent au dessus de Chorges pour une montée en cul de sac identifiable sur la carte Michelin par le nom de Naune Raze. Cette belle montée pousse le cycliste à l’exploration visuelle du versant sud du Piolit. Pris au jeu de la lutte contre la gravité, l’envie de pédaler se renforce au fur et à mesure de l'ascension tandis que la vue s’ouvre progressivement sur le bassin du Lac de Serre Ponçon.
La route s'élève au dessus de Chorges.
La Bâtie Neuve.
On devine progressivement le Lac de Serre Ponçon.
Au sommet de Naune Raze, dominé par le Piolit (2464m).
Le début de l'ascension vers St Apollinaire.
Dans une ambiance douce et agréable, le jeu des montées et descentes se met en place à l’instinct avec, après cette entrée en matière, un enchaînement reposant sur des allers-retours entre le Pont de Savine et les hauteurs. Dans l’ordre : le belvédère accueillant du Lac de St Apollinaire, la station sinistrée de Réallon, le village de Puy St Eusèbe bien connu par les triathlètes de l’Embrun man.
Une route en balcon qui propose des points de vue privilégiés sur Serre Ponçon.
La tranquillité du Lac de St Apollinaire.
En bordure du Parc National des Ecrins.
Les pentes terminales qui mènent à Réallon.
Réallon.
Le pont de Savines.
A Puy Sanières, vue directe sur le prochain objectif: les Orres.
Atterrissage à Embrun, changement de braquet, changement de massif en direction de la station des Orres. Les lacets s’empilent pour le plaisir des amateurs de beaux ouvrages routiers, une route presque parfaite aux courbes bien dessinées conçue pour le confort des skieurs et mise à profit par les cyclistes pour accumuler de la dénivelée. La météo dicte sa loi en montagne, il faut l’accepter lorsque les derniers rayons de soleil cèdent du terrain face à un premier assaut organisé de la pluie. La ballade a définitivement changé de configuration.
Les premières pentes des Orres s'élèvent au dessus de l'embrunais.
Les Salettes.
Les nuages gagnent la partie progressivement.
Sous la Station, le village des Orres.
De retour dans la vallée, je tente le coup pour une dernière ascension en mettant le cap vers Crévoux. Cette route est connue pour être le début du versant nord-ouest du col du Parpaillon, un monument du vélo en montagne hors des sentiers battus, et encore un souvenir marquant. Cette ascension est austère, la route taille son chemin dans un vallon peu accueillant où la pente impose un effort soutenu. Aujourd’hui la montagne a pris son visage des mauvais jours, les couleurs ont viré au gris sombre, à l’altitude 1800 mètres la température a chuté de façon spectaculaire, la prudence me pousse à abandonner la partie…
Le vallon de Crévoux.
Un terrain instable...
La montagne se fait hostile.
La Chalp, au dessus de Crévoux.
Arrêt forcé !
Comment s’occuper l’esprit quand on est cycliste, que l’été s’installe progressivement, que le calendrier des épreuves « qui font triper » se précise, et que l’on est cloué sur un canapé ? On se raconte des histoires faites de souvenirs et de projets plus ou moins lointains qui aident à rester dans la peau d’un mec qui pédale de temps en temps. L’avantage d’être sur la touche c’est de disposer soudainement d’un peu plus de temps pour exposer son gros ego sur le net. La relation qui s’instaure entre un blog et son auteur est complexe tant la frontière entre la volonté de partage et le narcissisme est subtile. Unlimited est resté en sursis pendant une longue période faites de questionnements sur l’intérêt de mettre à jour un blog personnel. Pourquoi s’exposer ainsi ? Quel ton adopter ? Que faut-il choisir de dire et ne pas dire ? Jusqu’à la découverte de cet article providentiel, qui m’a permis d’alimenter ma réflexion et de prendre un peu plus de recul sur l’activité de blogueur.
« L’internet est le seul endroit où on peut parler de soi sans être interrompu », affirme Benjamin RASSAT le réalisateur de « I Am the média », un documentaire à mi-chemin entre le reportage journalistique et la fiction parodique qui offre une réflexion sur la tentation narcissique provoqué par le web social. « Le blog est un objet ambigu, à la fois média d’information et d’opinion et moyen d’autopromotion ». « A partir du moment où l’auteur est tout-puissant, comment ne serait-il pas tenté de s’y dévoiler sous son meilleur jour, de se mettre en avant et en valeur, quitte à déguiser la vérité ? ». «I Am the Media montre comment, en s’exposant, on ne cesse de se regarder soi-même. »
De nombreuse fois, j’ai hésité à cliquer sur « supprimer ce blog », le doigt fébrile sur le bouton de la souris! Seulement voilà, mon ego est là, et un blog renvoie une image de soit que l’on construit patiemment et que l’on contrôle de bout en bout, on aime son blog, on s’aime tout court, on aime se regarder dans la glace, on aime se regarder « regardé » par le biais des commentaires. Je n’ai pas eu le courage de mettre Unlimited Miles au placard.
Qu’est ce que je fiche en ce dimanche à écrire mes délires, affalé sur mon canapé et bourré aux antalgiques? Cette année est décidément particulière, elle a débuté sur les chapeaux de roues avec une grossesse que l'on attendait plus pour Laure et une réussite à un concours surprise pour moi. Deux évènements qui sont venus bousculer notre petit train train de couple vivant au rythme des épreuves Ultras avec un petit vélo dans la tête. Deux évènements extrêmement positifs : être papa et maman est un cadeau de la vie que nous allons aborder comme une nouvelle aventure, réussir le concours d’Attaché Territorial à l’arraché est une belle pirouette, sauf qu’il va falloir travailler plus maintenant. J’avais encore un espoir de pouvoir prendre le départ de la RATA le 25 juin prochain. Une mauvaise chute en a décidé autrement, fracture 1ere lombaire et intervention chirurgicale mardi 1er juin, je repasserai pour les exploits en 2010. Vivement 2011 ! Le vélo est un sport d’extérieur en équilibre, on y apprend l’humidité lorsqu’il pleut, et on y apprend l’humilité lorsque l’on se casse la gueule !
Je vais avoir le temps de suivre passionnément les prochains grands rendez-vous Ultra sur le net, à commencer par le Glocknerman le 3 juin, la RAAM avec un départ le 9 juin pour les solos, la RATA le 25 juin, le tour d’Autriche le 20 août et le Tortour à la même date. Alors pour combler le vide d’une actualité cycliste qui s’annonce pauvre sur ce blog, pourquoi pas ne pas relayer quelques news de ces épreuves dont on parle peu en France ?
Si vous avez une heure devant vous, n'hésitez pas à visionner le documentaire de Benjamin RASSAT:
I Am the Madia
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