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Unlimited Miles
30 septembre 2008

La Raphael Poirée 2008: le carton de fin de saison.

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L'alchimie pour qu'une cyclosportive devienne un succès populaire repose sur un savant mélange entre convivialité, aspect sportif, découverte du terroir, le tout agrémenté d'une organisation sérieuse et d'un accueil chaleureux. Le moins que l'on puisse dire c'est que la première édition de la Raphael Poirée a brillamment  réuni tous ces paramètres, se positionnant comme un rendez-vous appelé à devenir incontournable pour les cyclistes qui n'ont pas encore pendu le vélo au clou à la fin du mois de septembre.

300 participants étaient attendus par les organisateurs, la police en a dénombré plus de 900, jambes poilues et mollets rasés de près confondus, répartis sur 3 parcours (70, 100 et 145km). L'appel des petites routes de la Drôme, la Clairette de Die, et la promesse d'un soleil éclatant se sont conjugués pour rassembler les accrocs des cyclos, les amateurs de pédalées musclées, les contemplatifs, tous ceux qui retardent au maximum le jour fatidique où la saison se termine.
 

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Le massif de Glandasse domine Die et la Vallée de la Drôme.

   

Die, ce gros village aux accents provençaux, blotti sous les contreforts du Vercors (massif de Glandasse), berceau de la Clairette, n'avait jamais dû connaître une telle agitation à la fin du mois septembre. La dame du gîte d’étape de la Meyrosse où nous avons passé la nuit du samedi ne manquait pas de le souligner : "Pour une fois qu'il y a une animation à Die, ne vous gênez pas, faites comme chez vous!"

   

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Sur la route d'Ausson, la Drôme prend des accents provençaux.

Après une saison Ultra de folie, remettre le couvert sur quelques cyclosportives constitue un challenge intéressant. Où trouver la motivation pour se coller encore un dossard dans le dos? La réponse est simple: le plaisir de pédaler est parfois plus fort que la raison. Malheureusement la forme est en chute libre  depuis les Bosses du 13 et ce malheureux virage de l'Espigoulier. Check-up chez l'ostéo qui me conseille un peu de repos, mais me dire de ne pas de rouler c'est comme me dire de ne plus manger de chocolat, c'est atroce. Après une nuit à hésiter entre les différentes options possibles: faire la cyclo à fond, faire la cyclo en touriste, visiter les caves de Die…C'est au son du réveil que la solution s'est dessiné dans mon esprit, simple et évidente: partager cette journée sur le vélo avec Laure.
 

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9h du matin, le soleil réchauffe enfin Die.

Dimanche 28 septembre, 9h, la température est fraîche sur la ligne de départ mais le ciel limpide nous annonce une de ces belles journées d'arrière saison où les paysages n'en finissent plus d'être beaux. J'apprécie particulièrement ces périodes de transition où la nature se pare de couleurs contrastées parfaitement mises en valeur par une luminosité exceptionnelle. La faune multicolore de la Raphael Poirée est dans les startings blocs, beaucoup de têtes connues ce matin, des costauds, des moins costauds, des stars, des champions, des anonymes, les gambettes piaffent d'impatience. L'ambiance est détendue et bon enfant pour ce dernier grand rassemblement de la saison.

Compte à rebours, le grand peloton s'élance sur une petite route sinueuse. La longue procession de maillots bariolés s'étire dans un fond sonore caractéristique où le bruissement du boyau sur le bitume se marie avec la mélodie des mécaniques bien huilées. L'itinéraire révèle immédiatement son caractère original en faisant découvrir aux concurrents la route d'Ausson, un chemin asphalté aux variations de pente surprenantes qui semble plus destiné aux agriculteurs qu'à un peloton de 900 cyclistes.
 

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Le peloton s'étire dans les premières pentes du col de Rossas.

 
Heureusement la meute a su rester raisonnable, ce passage délicat se passe sans encombre. Alors que de nombreux concurrents tentent de remonter vers l'avant du peloton, je m'efforce de garder Laure dans le rétro, l'exercice n'est pas évident car on a vite fait de se perdre dans les mouvements d'un peloton. Nous continuons à saluer les têtes connues, Michel Rodriguez que nous avions entre-aperçu attablé à une terrasse de café de La Mure le week-end précédent, cet utilisateur de FKC croisé au départ de l'Alpigap il y a un mois… le monde cyclosportif est petit.

Au Pont de Quart, nous récupérons une route bien plus large, ce départ aura eu le mérite de morceler l'important peloton en groupes de niveaux homogènes. Pour nous deux, l'opération a été bien négociée, nous prenons place dans un groupe qui file à bonne allure dans la fraicheur matinale.

"Je ne sais pas si je vais tenir bien longtemps à ce rythme là!" me dit Laure.

Après un grognement qui veut dire "Accroche toi!", je la rassure: " Ne t'inquiète pas, ça va se calmer, ce n'est pas difficile jusqu'au premier col, et c'est tout ça de gagné!"
 

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Laure trouve la bonne carburation.

Laure finit par trouver la bonne carburation, le rythme du groupe se stabilise, et les kilomètres défilent à vive allure sans fournir d'efforts démesurés. St Roman, les Payats, les Tonnons, Luzerand, Luc en Diois, les Roches des Claps, Valdrôme, les localités défilent rapidement dans la bonne humeur. La Drôme est en fête pour le passage des cyclos, applaudissements, accordéons et trompettes ponctuent notre traversée de Luc en Diois.

"Alors c'est bien ces FKC?" me demande une concurrente féminine. Il y a toujours une petite fierté à chevaucher une machine qui aiguise la curiosité, suscite l'envie ou alors le dédain. Je ne me lasse pas d'en venter les mérites à ceux qui me le demandent.

Valdrôme et son raidar annonce le début du col de Rossas, c'est la fin du confort douillet du peloton et de l'impression de facilité qu'il procure.
 

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Les grupettos se forment dans le col de Rossas.
   

6,5 km d'ascension sont nécessaires pour atteindre les 1115 m d'altitude du col de Rossas, la pente oscille entre 5 et 7%, c'est suffisant pour affoler les cardios. Laure est dans un bon jour et maintient une vitesse flatteuse dans les pentes de ce col. J'aime bien voir les gars grimaçant à ses côtés, souvent plantés sur des braquets trop ambitieux, alors qu'elle donne toujours une impression de facilité. La lumière de ce début de journée est admirable, l'effort n'en est que plus agréable.

Une courte descente sur St Dizier en Diois suivie d'une remontée anodine sur le col du Fays (1051m) précèdent une descente sinueuse et rapide. La vallée de La Motte Chalancon offre quelques kilomètres de récupération aux cyclos. De l'imposant peloton initial, il ne reste plus que des petits gruppettos, les premières difficultés ont parfaitement joué leur rôle d'écrémage.
 

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Raymonde Laguna prend le large dans le col des Roustans.
    
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Laure temporise.
   
   

Le programme se poursuit avec la remarquable ascension du col des Roustans (1030m). 10 km de plaisir dans un décor à l'esthétique parfaite, où l'on franchit d'abord le verrou rocheux du village de Chalancon avant de terminer dans un vaste vallon à la végétation clairsemée. Une impression de calme absolu se dégage de ces lieux, je n'en perds pas une miette, ouvrant grand les yeux et les poumons. Laure continue vaillamment son petit bonhomme de chemin, toujours facile, s'appliquant à enrouler son braquet avec fluidité. Bientôt 3h de route et encore 29km/h de moyenne pour la miss avec deux cols dans les guibolles! Hier à la remise des dossards j'ai encore eu droit au classique:

"Rico? Comme celui qui est dopé?"

Là, j'avoue que je me pose des questions au sujet de ma femme J
 

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Au dessus de Chalancon, traversée d'une clue.
 

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Le vallon sommital du col des Roustans.

La descente sur Volvent et St Nazaire le Désert marque l'entrée dans la vallée de la Roanne. J'avais déjà été saisi par la beauté de ces lieux lors de ma sortie printanière de 300 km qui m'avait permis de relier Grenoble à Pelleautier dans les Hautes Alpes (http://unlimitedmiles.canalblog.com/archives/2008/04/01/8562444.html). Ce sentiment est renouvelé aujourd'hui. Abordant la vallée en sens inverse, je découvre de nouveaux points de vues ouvrant sur de nouvelles perspectives, de nouvelles couleurs. Le vélo offre un plaisir visuel sans cesse renouvelé.

Après le village de Pradelle, nous bifurquons brusquement à droite pour franchir la Roanne sur un pont étroit et attaquer la dernière grosse difficulté de la journée: le col de Pennes (1040m). Nous sommes à l'altitude 440 m, et il reste environ 13 km d'ascension pour atteindre le col. Nous nous élevons d'abord le long du Vallon de l'Aucelon sur une route pittoresque à l'écart de la civilisation. A la hauteur du village d'Aucelon, une légère descente et un replat permettent de récupérer avant d'aborder les 5 derniers kilomètres présentant une pente plus sévère. Ces ultimes efforts sont révélateurs pour savoir si l'on a bien géré ses forces. Même si elle traverse une petite baisse de régime, Laure n'abdique pas et s'en tire plutôt pas mal par rapport à l'ensemble de la troupe. La vitesse a chuté, c'est normal étant donné que la pente doit accuser un bon 8% par endroits. Pour patienter le cyclo peut se consoler en admirant la vue qui se dégage sur les massifs préalpins du Diois et des Baronnies.
 

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Au dessus d'Aucelon dans le col de Pennes.
 
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Les 5 derniers kilomètres du col de Pennes.
 

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La route dessine des lacets pour s'élever.
 

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la vue se dégage sur les massifs préalpins du Diois et des Baronnies.
   

La vigilance est de rigueur pour négocier la descente sur Recoubeau-Jansac, étroite et sinueuse, parfois humide, cette route a dû en surprendre plus d'un. Une fois dans la vallée, l'itinéraire du retour emprunte la D140 pour faire un crochet par St Roman, histoire de tester la fraîcheur musculaire sur quelques derniers taquets. Puis il ne reste plus qu'à lâcher les chevaux pour rentrer sur Die. Je propose à Laure de terminer fort pour les 10 derniers kilomètres, ce quelle ne refuse pas. La saison se termine ainsi, en couple, à plus de 40km/h. Que du bonheur. Laure termine 144e scratch sur 269 classés,  pas loin de la première moitié du peloton. Même si il n'y a pas eu de podium à la clé c'est probablement sa meilleur prestation depuis quelques temps. Elle ne serait pas mariée avec un certain Ric(c)o?

Vivement la prochaine saison.
 

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Texte et photos: rataman
   

Le site de la Raphael Poirée: http://www.cyclodromoise.com/
   

Le classement du 140 km : http://www.cyclodromoise.com/IMG/pdf/RP-140KM-08.pdf

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Commentaires
H
Sebastien,<br /> <br /> joli programme, ça devrait te motiver pour négocier un bon hiver. Pour moi absolument rien n'est encore figé pour 2009, ça sera différent des saisons précédentes, j'ai des idées du côté de la Slovénie...<br /> <br /> Yves,<br /> <br /> bonjour et merci pour ton commentaire. Oui c'est bien moi sur cette photo:<br /> http://veloentete.over-blog.com/photo-1219288-IMG_0406_JPG.html<br /> N'hésite pas à inscrire la Poirée à ton calendrier 2009.<br /> <br /> A +<br /> Hugues
Y
bravo pour ce magnifique compte-rendu auquel il ne manque rien. Je ne sais pas comment tu fais pour faire des photos en même temps que tu roules ? En tout cas ça donne envie de faire cette cyclo ou au moins de visiter cette région qui a l'air vraiment super. On m'a passé des photos des bosses du 13 que j'ai mises sur mon blog, sur l'une on voit un coureur sur un FKC, je ne sais pas si toi ou non ? Bonne route à tous les deux. Yves.
S
Salut Hugues, je vais essayer de ne pas couper également, en faisant des sorties tant qu'il fait beau, surtout le week-end. Pour 2009, tout va dépendre de mes possibilités cet hiver. Mais bon, j'aimerai bien enchainer AVM, DFU et le REV! Et toi, tu as déja réfléchi à de nouveaux challenges?<br /> A+
C
Une super cyclo!Encore un beau récit et de magnifiques photos!!
H
Salut Seb, oui tu peux réserver ton we pour la R Poirée 2009.<br /> <br /> Pour la coupure, je vais plus faire une période de transition qu'une réelle coupure. J'ai eu un gros coup de barre après les bosses du 13, scotché au bitume, donc j'ai réduit énormément le vélo depuis 15 jours, et je vais compléter avec d'autes activités sportives.<br /> Avec les années qui passent je n'encaisse plus la coupure totale avec le sport, et j'ai tendance à prendre trop de poid que je galère à perdre. Je me force pas à faire une coupure pour faire une coupure, si il fait beau au mois d'octobre j'aime profiter des routes avec les couleurs de l'automne, par contre je n'ai pas le chrono dans la tête et je ne regarde pas la moyenne. ça permet de garder le geste cycliste. Chaque année je change un peu de formule pour varier et voir ce qui fonctionne le mieux. L'an dernier j'ai coupé le vélo quasiment deux semaines sans sport, et c'était terrible pour retrouver des sensations, j'ai voulu faire trop rapidement des longues distances pour préparer le Glockner Man qui étéait début juin, et du coup j'ai eu l'impression de pédaler carré toute l'année. Donc coupure moins marquée cette année, avec petites sorties vélos (courtes) et peut etre rando en montagne.<br /> <br /> Quels sont tes projets 2009<br /> <br /> A+<br /> Hugues
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