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Unlimited Miles
23 septembre 2007

La météo capricieuse des Dolomites.

Photo_001a_1_Lorsque l’on pénètre pour la première fois au cœur des Dolomites, on est immédiatement frappé par le vert intense des prairies tranchant avec les couleurs minérales des puissantes parois rocheuses. Cette avalanche de couleurs contrastées trouve son origine dans l’histoire géologique complexe du massif d’une part, et dans une météo au caractère instable d'autre part. Je n’ai trouvé aucune statistique sur la pluviométrie dans les Dolomites, mais ça doit être effrayant.


Lundi 20 Août: 0km

J’ai commencé à en faire l’expérience hier en terminant mon tour sous des trombes d’eau. Ce matin ça se confirme dès le réveil : le tonnerre qui fait vibrer les murs de l’appartement, c’est pas bon signe, l’ouverture des volets me confirme qu’il va falloir trouver une autre activité que le vélo aujourd’hui et faire du tourisme « conventionnel », en passant par les boutiques de spécialités régionales, la supérette de la vallée pour faire le plein de chocolat, et les vendeurs de vins et autres spiritueux. C’est mon problème, quand je ne roule pas, j’ai un estomac à la place de cerveau.

Mardi 21 Août : passo Pinei (1437m),  passo Nigra (1688m), passo di Costalunga (1745m), passo di Sella (2244m)…sous la pluie. 105km, 2700m de dénivelée.

Pas de profil aujourd’hui, la pile du HAC4 a rendu l’âme en cours de route.

 

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Troisième jour à Selva, la couleur du ciel n’est guère engageante ce matin, il ne pleut pas mais les prévisions que l’on a pu intercepter sur la télé italienne sont plutôt pessimistes,  pour être clair ils annoncent un temps de chiotte. Je n’ai pas envie de me laisser abattre pour autant, je prépare mon vélo en l’équipant d’un nouvel accessoire non homologué UCI : le garde boue. J’ai une furieuse envie de rouler, avec un équipement adéquat je dois pouvoir me faire quelques cols avant le retour du mauvais temps.
   

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L’Alpe de Siusi avant la pluie.

Je quitte le Val Gardena par le Sud Ouest, en traversant le col de Pinei (1437m), inconnu au bataillon ce col ne figure sur aucune carte. Cette vacherie avec des pentes annoncées à 15% par des panneaux, un truc à vous faire rejeter le petit déjeuner fraîchement ingurgité, permet d'atteindre Castelrotto. Ce village, se distinguant par ses charmantes maisons peintes de fresques, était au début une forteresse romaine, là où par la suite fut bâti un château, détruit au XIIIe siècle, d’où le nom actuel du village qui signifie « Château détruit ». Castelrotto marque le début d’une région de collines dominées par le vaste massif du Sciliar et l’Alpe di Siusi, domaine skiable par excellence, très prisé des randonneurs en été pour son immense prairie  qui s’étend à perte de vue. Pour ma part, je continue ma route, Siusi, Fié, succession de montées et descente avant d’attaquer le passo Nigra. Le ciel est gris, le plafond est bas mais je n’ai aucune envie de faire demi tour.
   

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Le surprenant passo Nigra (1688m).

   

nigra

 
En venant de la vallée d’Isarco, les chiffres ne sont pas effrayants, il faut compter sur environ 1200m de dénivelée et 22km de montée. Malheureusement, cette route est tout sauf régulière. Cette vallée est l’une des moins connues des Dolomites, néanmoins elle ne manque pas d’intérêt. Elle monte le long d’une gorge où l’on peut contempler plusieurs petits villages très élégants dans leur structure tyrolienne, témoignant d’une considérable attention consacrée à l’ordre et à la propreté. Le bourg de Tires se démarque avec une église baroque plutôt étonnante, mais ce qui retiendra surtout l’attention du cycliste c’est la rampe à 20% qui l’attend 2km après Tires. Ça passe en force en danseuse, 42/23 j’ai eu la flemme de changer la cassette, c’est pas très subtil comme style, mais le RZWO se montre particulièrement efficace quand il faut le martyriser. La suite de l’ascension se présente comme une succession de rampes (16%, 13%) suivis de replats permettant des relances sympathiques, l’ensemble se parcourant de façon agréable et ludique, sans aucune monotonie. Je m’amuse dans ce col sans prêter attention au temps qui se dégrade par le sud. Une petite pluie fine a fait son apparition au sommet, j’ai deux solution : soit je fais demi tour et je rentre par la même route (environ 60km), soit je bascule dans la vallée de Fassa et je rentre par le passo di Sella (environ 50km), cette solution est plus courte mais elle impose de repasser au dessus de 2000m sous la pluie. Je ne sais pas pourquoi, je choisi cette deuxième solution.

 

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Pour rejoindre le Val di Fassa je dois passer par le passo di Costalunga (1742m) qui heureusement ne présente aucune difficulté, la route restant à altitude constante entre la passo Nigra et le Costalunga. Un col de plus sans effort !

 

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le sommet du Costalunga, difficile d'avoir des photos potables aujourd'hui

Le Sella dans le brouillard.

La descente du Costalunga s’effectue sous une pluie continue et froide. Je m'efforce de garder le moral. Dans le Val di Fassa le ciel est également plombé, il n'y a plus aucun doute, je vais faire le retour entièrement sous la pluie. Cette vallée est particulièrement touristique par beau temps, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, les promeneurs n’ont pas déserté les lieux par cette journée maussade. Je suis surpris de croiser lors des traversées de villages des gens qui se promènent dans les rues. Vendeur de parapluies dans les Dolomites, je tiens peut être là une idée de reconversion professionnelle !

 

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10km de faux plat me conduisent à Canazei, je me fais du souci car il va falloir franchir le Sella à 2200m. Plus que là montée, qui n'est rien de plus qu'une méchante bosse de 11km et 800m de dénivelée, c’est la descente humide et froide qui m’inquiète. Dans une telle situation il faut chasser les pensées négatives et prendre que le positif, je me dis que ça va me faire un bon entraînement pour les futures épreuves autrichiennes. Patiemment je franchi un a un la trentaine de lacets du Sella, mes pensées vagabondent pour détourner mon esprit du froid et de la pluie, je me surprend même à me sentir bien dans ces conditions. De temps en temps je croise un cycliste isolé qui a du se faire piéger comme moi ce matin, un petit geste de la main, tout est dit, chacun sait ce que l’autre éprouve, nous nous sentons moins seuls dans seul coup dans notre nappe de brouillard. A l’approche du sommet la visibilité est réduite au minimum, ambiance feutrée étonnante lorsque l’on connaît l’immensité du décor qui nous entoure. Le temps d’enfiler le Gore Tex et je bascule sur Selva, je suis serein, rassuré par la stabilité du vélo sur route humide, quelques pointes à 60km/h et c’est avec plaisir que je retrouve l’appartement douillet de Selva, le chauffage est en marche, je rêve d’une soupe chaude. Moi qui déteste la pluie, je me suis étonné aujourd’hui, à une autre époque c'est en taxi que je rentrais!

   

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Je ne sais pas comment j'ai réussi à écrire plus de deux lignes sur ce tour un peu tristounet. Demain il fera beau, c'est une évidence!

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