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Unlimited Miles
21 juillet 2007

L'Arvan Villard 2007: une affaire de famille.

L’Arvan Villard : 14 juillet 2007

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le glandon sous le regard du Mont Blanc

152850_1_Coincé entre les deux monstres du calendrier cyclosportif que sont la Marmotte et l'Etape de Tour, l'Arvan Villard constitue une petite cyclosportive agréable et conviviale, permettant de passer une journée sportive sur les pentes escarpées des vallées de l'Arvan et des Villards. Le parcours propose un concentré de dénivelée positive assez remarquable: avec 125 km et 3500m les grimpeurs seront à la fête, les rouleurs pourront repasser pour faire une grosse moyenne. En plus des qualités d'escaladeur, il faudra de bonnes prédispositions pour les descentes techniques, le nombre de lacets à négocier étant assez impressionnant.

Cette cyclosportive était pour moi l'occasion de me recoller un dossard dans le dos, sûrement le moyen le plus efficace pour rester encore un peu dans le coup après mes deux grand rendez-vous qualifiés "ultra" de la saison 2007. C'est un phénomène assez courant pour moi, une fois mon objectif principal de la saison passé, j'ai une fâcheuse tendance à me laisser aller. La RATA a été très éprouvante sur le plan physique et mental, retrouver du punch pour me faire mal sur des cyclosportives constitue un challenge intéressant que j'ai décidé de relever sur cette fin de saison. Je suis devenu un "gros" diesel, c'est en travaillant ses points faibles que l'on progresse, l'envie est là c'est le principal.

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La vallée de l'Arvan

La montagne est « sybelles ».

Le cyclosport est une activité sportive dont l'un des principaux attraits repose sur cette capacité à nous081211_1_ faire découvrir ou redécouvrir des lieux remarquables. Entre Romanche au Sud et Maurienne au Nord, les incontournables cols de la Croix de Fer et du Glandon ouvrent l'accès au massif méconnu de l'Arvan Villard.

Surplombé par les majestueuses Aiguilles d'Arves, ce véritable cirque montagneux constitue l'endroit rêvé pour celui qui recherche l'authenticité, qui aime grimper et contempler. Pour promouvoir le tourisme et renforcer l'identité géographique de ce massif, dix stations et villages se sont regroupées pour donner naissance au domaine des Sybelles. Suivant les saisons, une multitude d'activités sont praticables, allant du ski sous toutes ses formes en hiver, à la randonnée, à l’alpinisme et au VTT en été. Albiez le Jeune, Albiez Montrond, Fontcouverte, Jarrier, St Alban des Villards, St Colomban des Villards, St Jean d'Arves, St Sorlin d'Arves, Le Corbier, autant de charmantes localités éparpillés dans les montagnes qui respirent la tranquillité, donnant l'envie de se pauser l'espace d'un instant loin de l'agitation urbaine.

C'est au départ d'Albiez Montrond que la cyclosportive l'Arvan Villard prend son envol. Ce petit coin de paradis perché à 1500m d'altitude, légèrement en contrebas du col du Mollard, a été un véritable coup de cœur pour Laure et moi. Pas de barre de béton ni aucune architecture agressive ne viennent rompre l'harmonie des lieux. Situé sur un plateau ouvert et ensoleillé, ce village au caractère rural prononcé issu d'une culture du terroir conservée offre un panorama d'exception sur l'ensemble des massifs environnants.

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Albiez Montrond

Un parcours tonique.

Avec 14 éditions au compteur, l'Arvan Villard est déjà une ancienne du calendrier cyclosportif français. Organisée depuis deux ans sous l'effigie de Ludovic Valentin Organisation (LVO), elle a intégré en 2007 le challenge "Cyclo Tour" récompensant les meilleurs performers sur la Lozérienne et l'Arvan Villard. Les prestations offertes sont de très bonne qualité (un maillot cycliste offert, une signalisation irréprochable, 3 ravitaillements sur le parcours, tirage au sort, sécurité assurée à de nombreux carrefours, tartiflette géante à l'arrivée…), résultat d'une organisation professionnelle menée de manière rigoureuse par Ludovic Valentin lui même.

093450_1_On pourrait reprocher à l'organisateur de faire débuter son épreuve par la descente aux 52 lacets sur Villargondran. L'exercice est acrobatique, la culture VTT de l'organisation explique peut être ce choix, mais j'ai l'habitude de penser que l'organisateur propose et le cyclosportif dispose. Si le départ est dangereux rien ne nous oblige à prendre des risques pour suivre les premiers, nous sommes responsables de nos actes, la sécurité sur une cyclosportive dépend aussi de nos comportements.

Les 20 premiers kilomètres sont donc en descente jusqu'à St Jean de Maurienne où les concurrents de l'Arvan Villard attaquent la première difficulté de la journée: la montée à la station de la Toussuire. Cette ascension est sérieuse, elle a attendu le passage du Tour de France et la désormais mythique défaillance de Floyd Landis pour devenir connue du grand public. 1200m de dénivelée positive pour 19km avec de nombreuses ruptures de pente constituent une bonne entrée en matière. Face à cet obstacle les pelotons ne survivent pas longtemps, rapidement la pente se charge de niveler les valeurs favorisant la formation de petits grupetto. Fidèle à mon habitude, j'explose proprement dans cette première difficulté, laissant filer le premier groupe, puis le deuxième… Quand on est pas un grimpeur ailé, il ne reste plus qu'une stratégie pour s'en sortir: la gestion. Les chamroussiens ont mis les voiles, David Polveronni, la réincarnation de Serge Garnier made in Voiron, est revenu de derrière après une première descente prudente. Nous terminerons la Toussuire ensemble avec Nico Jeandard, ex Bouticyle-Cyfac, qui débute ces vacances alpines par l'Arvan Villard. Après l'isolement linguistique sur les routes de la RATA, cela me fait plaisir de retrouver des têtes connues. Si le village d'Albiez nous avait séduit, je ne peux pas en dire autant des stations du Corbier et de la Toussuire. Je me demanderai toujours ce qui s'est passé dans la tête des architectes qui ont pondu de telles atrocités bétonnées, le syndrome de "la sarcellite" a aussi durement sévi dans les alpes.

   

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Le sommet franchi, pas d'arrêt au ravitaillement pour les premiers, 16km de descente acrobatique nous reconduisent à St Jean de Maurienne. Court instant de répit relatif qu'il faut mettre à profit pour attraper de quoi manger dans les poches. A ce sujet, une évolution significative du comportement des concurrents est à signaler: les emballages de produits énergétiques sont restés dans les poches, l'organisateur n'ayant pas hésité a annoncé le déclassement de tout concurrents surpris en train de jeter ses déchets.

Une transition de 4km au fond de la vallée de la Maurienne nous offre la possibilité de tourner les jambes avant d'attaquer la prochaine difficulté: la montée à Montvernier. Il s'agit plus d'une méchante bosse de 5km bien vicieuse, qui permet de vérifier que l'on a plein d'acide lactique dans les jambes et que l'eau commence à manquer dans les bidons. La descente des lacets de Montvernier ressemble à une attraction de la foire foraine, cette route accrochée à la montagne est un défi à l'imagination des ingénieurs de la DDE, 18 lacets soutenus par des murs de pierre s'empilent les uns sur les autres suspendus dans le vide. Le spectacle est remarquable.

   

134228_1_Une fois revenus dans la vallée, une nouvelle transition de 7km vallonnés longeant les rives de l'Arc conduit les cyclos au pied du juge de paix de l'Arvan Villard: le col du Glandon.

A l'avant de la course, Patrick Gueraud, sans forcer son talent, se défait de ses derniers adversaires et s'envole vers une belle victoire incontestable. Derrière, le jeu de massacre peut commencer. 1500m de dénivelée à gravir durant 20km où la loi du chacun pour soit reprend ses droits. Le spectacle est saisissant, parfois surréaliste, une longue procession de cyclos défile entre Ste Marie de Cuines et le sommet du Glandon, parfois scotché sur un braquet inadapté, à la limite de l'équilibre, zig-zaguant à la recherche de la moindre parcelle d'ombre. Là où certains se transforment en piéton, d'autres prennent d'assaut les fontaines. Toute la misère du monde se lit sur certain visage, "j'étais malade toute la semaine"," je suis fatigué", "oh ben moi tu sais, je suis plutôt un rouleur", "je n'ai pas pu m'entraîner, je n'ai que 500km au compteur"… C'est amusant cette faculté qu'ont les cyclistes à se trouver des excuses dans les moments difficiles. Au départ de cet Arvan Villard, j'ai plein de kilomètres au compteur, j'ai passé une bonne semaine, je ne suis pas fatigué… et je suis planté comme les autres dans le Glandon. Si on est là en équilibre sur nos pédales, loin du premier, c'est qu'on a été mauvais, c'est tout. 

Un qui n'aura pas été mauvais dans le Glandon, c'est David Polveronni, dans un pur style de grimpeur, remontant les concurrents les uns après les autres pour aller décrocher une belle 10e place à l'arrivée.

Pour se consoler dans cette ascension, le ciel est d'une telle pureté aujourd'hui que nous pouvons admirer au loin le Mont Blanc, majestueux et étincelant, recouvert d'une couche de neige fraîche tombée la semaine précédente.

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Le col du Glandon franchi, il ne reste que deux malheureux kilomètres en pente douce avec une bonne brise thermique dans le dos pour atteindre le col de la Croix de Fer. Le cadre est archi connu mais je ne m'en lasse pas.

La bascule sur St Sorlin d'Arves se fait sans soucis dans un paysage montagnard remarquable, les lacets s'enchaînent sur une route étroite à flanc de versant mais la visibilité est bonne. Il faut se méfier toutefois de l'état de la chaussée durant la traversée de St Sorlin, j'ai le souvenir d'une chute douloureuse dans ce secteur lors d'une sortie d'entraînement en 2005 qui m'avait coûté un cuissard Assos!

   

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7km après St Sorlin, le pont de Belleville marque le début de l'ascension du col du Mollard, l'ultime difficulté de la journée. Rien de bien méchant, mais ces 6km sont suffisamment pentus pour faire souffrir une dernière fois les organismes. Patiemment les concurrents négocient l'un après l'autre les kilomètres qui les séparent de la tartiflette géante. 5km, 4km, 3km, 2km, 1km, le sommet arrive sans prévenir, surpris d'en avoir déjà terminé, il ne reste plus qu'à se laisser glisser sur Albiez Montrond. Je franchi la ligne sans réelle émotion, l’Arvan Villard est sans doute trop courte pour vivre un réel trip, il reste la satisfaction d’avoir passé quelques heures agréables en montagne.

L’Arvan Villard en famille

En ce 14 juillet, jour de fête nationale, les Rico/Russias étaient venu en force sur l’Arvan Villard. C’est assez original pour être souligné, je ne pensais pas me retrouver un jour au départ d’une cyclosportive en même temps  mon beau père, ma belle mère et ma femme sur la ligne de départ.

Annick a franchi les montagnes en s’offrant les 80km du petit parcours et l’enchaînement Montvernier, Glandon, Croix de Fer, Mollard. Plus de 6h de vélo, ne sortez pas la calculette pour calculer la moyenne, mais à l’heure où la tendance est à une consommation rapide des cyclosportive je trouve ce petit exploit personnel réellement admirable.

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Jacques, plus de vingt cyclosportives par an et moins de 8h30 à la Marmotte à bientôt 62 ans, une passion toujours intacte à faire pâlir de jalousie pas mal de jeunots. Il a eu chaud dans le Glandon mais il en a connu d’autres des galères, ce n’est pas l’Arvan Villard qui aura eu raison de sa volonté: une de plus au compteur pour l’inusable copain d’Ambert.

   

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Laure n’était pas loin de rattraper son père aujourd’hui. Serait-ce l’effet conjugué de l’euphorie post DFU et de son nouveau vélo signé François Kérautret ? En tout cas c’est tout sourire que je l’ai retrouvé à l’arrivée, et ça, ça fait plaisir.


Le tableau ne serait pas complet sans parler de Gisèle, ma belle sœur, qui était présente sur les pentes du Glandon au volant du Berlingot pour assister et encourager cette « dream team ». Chez les Rico/Russias le vélo est une affaire de famille.

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Commentaires
7
Merci Laure et Hugues pour toutes ces belles photos; cela me donne vraiment l'envie d'aller faire cette cyclo. <br /> Je connais bien ces montagnes pour avoir dans une autre vie (d'alpiniste) escaladé la Centrale des Aiguilles d'Arves et dévalé, à ski, les pentes de l'Etendard.<br /> Je vois que Bernadette va devoir s'accrocher si toute la famille Russias roule; car le Glandon, versant Villard, elle y a souffert dans les derniers kilométres.<br /> <br /> Bernadette et Serge,
D
Merci hugues pour tes commentaires qui me font vraiment plaisir :-)<br /> Ce fut un bon moment que de rouler avec toi ! <br /> Et bravo à ton beau père pour ses performances.<br /> Pour ma part j'ai arrêté un peu les courses et repris un peu les longs et beaux entrainements. Je suis allé une semaine en vacances au ventoux en passant par le dévoluy pour y aller et par les barronies et le vercors pour revenir. Le coin est vraiment magnifique avec très peu de voitures, je me suis régalé surtout au retour (presque 9hr de vélo)<br /> J'éspère pouvoir faire un petit entrainement avec toi un de ces jours :-)
S
OK, je comprends mieux cette passion partagée. Effectivement, je l'ai souvent déja croisé. j'irai le saluer maintenant que je sais qui c'est.<br /> J'imagine les discussions de repas de famille!!<br /> Merci en tout cas pour ce joli compte-rendu, et pour les mentions spéciales données à David. Il m'a indiqué avoir mis 4mn de moins cette année sur l'ascension du Glandon (l'année dernière, je n'étais pas arriver à le suivre...). Il appréciera la comparaison avec Garnier je pense!!
P
En lisant régulièrement ton blog (la fréquence des mises à jour augmente, c'est bien !) j'ai chaque fois un peu plus hâte d'être en 2008 pour à nouveau replonger dans cet univers montagnard. J'ai déjà ciblé quelques objectifs : DFU, RPI (si retour) et AVM (Ardèchoise vélo Marathon). J'espère que l'on pourra alors partager quelques heures de selle ensemble en prévision de ces rendez-vous dès que j'aurai retrouvé un coup de pédale un peu plus fluide qu'actuellement !
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