En périphérie des Dolomites: le Trentin

9 septembre 2007

En périphérie des Dolomites: le Trentin

Concile de Trente et 53/12.

Toujours basé à Lévico Terme, nous avons deux jours devant nous pour survoler le Trentin avant de mettre le cap sur le Dolomites. Il faudrait vraiment plus de temps pour explorer cette région qui regorge de curiosités touristiques et qui offre d’énormes possibilités pour les cyclistes.

Pour répondre à un SMS de mon père reçu lors de l’ascension du Passo del Manghen qui me demandait « si tu passes à Trente, peux-tu nous rappeler ce qu’est le Concile de Trente », SMS qui mit fin à une accélération fulgurante sur mon 42/23 dans une rampe à 11%, et qui me mettait face à mon ignorance! Pas évident de monter le Passo del Manghen avec une question obsédante en tête : mais qu’est ce que c’est déjà ce foutu Concile de Trente ? Mes cours d’histoire et le CAPES sont bien loin maintenant, donc après recherches: le Concile de Trente fut convoqué par le Pape Paul III en 1545, soit le dix-neuvième concile reconnu par l’Eglise, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la réforme protestante. Il s’est déroulé sur 18 ans, 25 sessions, quatre pontificats et quatre villes. Il eu pour objectif de définir la doctrine et la discipline de l’église catholique face aux progrès de la réforme protestante. Deux tendances se sont affrontées, celle de Charles Quint qui souhaitait une réforme disciplinaire et celle du pape qui voulait en premier lieu examiner les questions dogmatiques. Dans son livre « Pour en finir avec le Moyen Age », l'historienne Régine Pernoud présente ce concile comme la coupure entre l'Eglise médiévale et l'Eglise des temps classiques. Voilà pour la page historique, la Pape Paul III il est sympa mais j’ai une préférence pour le Pape 53/12 ! Carbone ou acier, Campa ou Shimano, voilà deux questions essentielles qui mériteraient bien un concile.

A proximité de Lévico, le lac de Caldonazzo

Vendredi 17 Août : Passo di Vezzena (1402m) – Montée à Vetriolo Terme : 93km, 2200m de dénivelée.

La météo italienne annonce des orages sur le Trentin aujourd’hui, j’ai moyennement envie de m’embarquer sur une grande boucle avec des gros cumulo-nimbus au dessus de la tête, j’opte pour un tour modeste qui consiste en deux boucles autour de Lévico. Le circuit débute par le Passo di Tenna, un col anodin sur la carte, mais qui dans mon cas m’a cueilli a froid à la sortie du camping après 500m d’échauffement. Ce col est à classer parmi les bosses vicelardes, 2 km à 8% de moyenne, pas assez long pour adopter le rythme d’un véritable col, suffisamment raide pour vous exploser les jambes quand vous avez décidé de passer comme un bourrin. Ceci dit cette route est magnifique, elle permet de profiter de points de vue admirables sur le lac de Caldonazzo et d’en rejoindre l’extrémité en évitant la circulation.

A l'extrémité du lac de Caldonazzo, San Cristoforo

Après cette mise en bouche, je quitte le Valsugana pour m’élever en direction de L’Altopiano dei Sette Communi. L’ascension débute à la sortie de Calceranica par une belle rampe tout en lacets de 2,6km à 7,8% de moyenne, sur une route à forte circulation constituant l’un des accès à Trente. Un replat de 3 km jusqu’à Vattaro permet de récupérer avant d’attaquer la longue montée vers Folgara et l’Altopliano. 8km à 5% de moyenne avec de nombreuses ruptures de pentes conduisent progressivement à l’altitude 1100m, dans un décor boisé où les trouées laissent apercevoir un relief très escarpé.

En montant vers les "Sette Communi", vue plongeante sur San Nicolo

Sans aucune transition, et à la faveur de la traversée d’un tunnel, les parois et les à pics rocheux laissent la place à un paysage pastoral fait de prairies et de bois qui pourraient s’apparenter au plateau du Jura, me voilà sur « le Haut Plateau des Sept Communes ». Cet espace original est d’avantage tourné vers la plaine du Pô que vers le Trentin, d’une étendue de 470km carré, il appartient à la province de Vicenza et est composé en réalité de 8 communes, et il est reconnu pour avoir été la plus ancienne fédération démocratique du monde, après la Suisse. Les « Sept Communes » jouissent d’une renommé touristique grâce à l’exploitation d’un domaine de ski nordique de près de 500km, et des nombreuses fortifications construites avant la Première Guerre Mondiale pour défendre le territoire de Trente. Actuellement un mouvement est en cours pour demander le rattachement des « Sept Communes » à la région du Trentin-Haut-Adige et plus particulièrement à la province autonome de Trente.

Le vert du "Plateau des Sept Communes"

Du point de vue cycliste, « le Plateau des Sept Communes » est plaisant à parcourir, offrant un terrain de moyenne montagne où se succèdent montée et descentes sans aucun répits dans une ambiance verdoyante et boisée. En bon collectionneur de cols, je suis allé faire un aller-retour au Passo di Vezzena (1402m), à l’est de Lavarone. Ce col s’apparente plus à une succession de montagnes russes sur une dizaine de kilomètres (avec un raidar à 16%) qu’à une ascension à proprement parlé. Le sommet débouche sur un large plateau venté qui pourrait rappeler l’Auvergne.

Un petit air auvergnat au sommet du Passo di Vezzena

La surprise du jour fut constituée par la descente sur Caldonazzo, que j’étais bien content de descendre et non de monter ! Cette route t impressionnante, taillée à même la roche, se fraie un passage sur un flanc de montagne vertigineux sur une dénivelée de 700m. Ames sensibles s’abstenir, la sensation de vide est omniprésente et la largeur de la route n’est pas là pour rassurer. Comme on dit chez nous : un truc de Ouf ! Les Italiens sont cinglés, comment a-t-on pu songer faire passer une route par là ? Pour les chiffres, le profil indique 4km à 9% de moyenne suivi de 3,5km à 10,2% de moyenne. Il faudra revenir pour tester cette bosse.

Descente plongeante sur le Lac de Caldonazzo

La pente est impressionante, au moins 17% sur ce lacet!

une route spectaculaire...

étroite...

et taillée dans la roche.

Pour terminer mon tour je me suis offert une petite boucle vers la petite station thermale de Vetriolo Terme via Pergine Valsugana. Cette petite localité présente la particularité d’être perchée à 1400m d’altitude, point forcément attractif pour un cycliste si l’on sait que la vallée qui y conduit est à une altitude moyenne de 500m. La route d’accès offre une approche de 2km assez irrégulière pour s’échauffer, avant un formidable tronçon de 10,5km à 8% de moyenne sur une route étroite et pittoresque en sous bois. Vetriolo est autant prisée par les curistes que par les amateurs de randonnées pédestres ou de VTT, l’endroit semble coupé de la civilisation et propice au dépaysement dans le calme. L’ascension peut se poursuivre durant 6km pour atteindre le refuge Panarotta à l’altitude 2000m, ce qui constitue une grimpée de 1500m de dénivelée depuis la vallée, soit l’équivalent de nombreux cols alpins réputés. Malheureusement l’orage grondant, je me suis résigné à rentrer sur Lévico par une très belle descente, tout en lacets, qui pourrait constituer un bel objectif d’escalade. Nous nous rabattrons sur la visite de Trente cet après midi pour percer le mystère du Concile.