Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Unlimited Miles
7 septembre 2009

Tortour 2009 (2e partie) : Jusque là tout va bien!

1
 

Le cyclisme sur longue distance apprend à apprécier les choses simples, comme profiter du confort d'un siège passager pour mettre au repos un corps fatigué. L'habitacle d'une voiture à l'arrêt permet de créer un cocon dans lequel il est bon de se laisser vaincre par un sommeil refoulé depuis de trop longues heures. Fermer les yeux pour déconnecter les neurones, oublier la réalité du temps et de la distance, difficile de décrire cet instant furtif où en quelques secondes l'esprit se met en mode pause. Le temps se fige, la douleur n'existe plus, plongé dans un sommeil profond, mon corps digère les 770 km qu'il a fallu avaler pour atterrir à Orbe. Re(tor)tour en arrière et zoom sur les premières heures du Tortour.
 

2

Le Tortour est avant tout une épreuve Ultra où peu de choses sont laissées au hasard. On  ne peut que souligner la qualité du travail effectué en amont par les organisateurs pour que l'événement se déroule dans les meilleures conditions: communication des informations efficace par le biais du site internet, repérage et test du parcours effectué par les organisateurs, road book et fichiers GPS téléchargeables, règlement complet téléchargeable… Le Tortour a vu le jour grâce à la volonté de Hape Narr, Günter Wagner, Joko Vogel et Matthias Knill.

Ce quatuor connaît bien son sujet pour avoir à son actif plusieurs participations à la Race Across America et à l'Iron Man d'Hawaï.

Dès la veille du départ, le programme des formalités à accomplir est organisé selon un timing précis. L'accueil des concurrents s'effectue en plein cœur d'un complexe industriel, le SIG (Schweizerische Industrie Gesellschaft), Société Industrielle Suisse active depuis plus de 150 ans dans l'armement et les chemins de fer, spécialisée depuis le début des années 2000 dans l'emballage et l'agroalimentaire. Cette austérité industrielle est rapidement effacée par les premiers contacts avec le staff d'organisation. L'accueil est courtois et nous sommes bien renseignés en dépit d'un aller-retour incessant entre allemand, anglais et français pour arriver à se faire comprendre.

13 h : distribution des dossards, road book et autres documents de course, balise GPS, cadeaux divers dont un stock conséquent de boisson énergétique 100% naturelle pour booster l'assistance.
13h30 : Pique-nique improvisé entre deux containers à l'ombre d'un entrepôt.

14 h: Check-up technique détendu avec contrôle du véhicule et des vélos.
15 h: Photo officielle du coureur et du team avec Sergio qui manie aussi bien l'objectif numérique que le sens de l'humour. Tout le monde se marre sur la photo!

18 h: Briefing malheureusement tout en allemand nécessitant la recherche d'un traducteur pour bien comprendre les dernières consignes.

19 h : Pasta-Party à volonté!
 

3
   
5

Le départ d'un rendez-vous sportif auquel on pense depuis longtemps est toujours vécu comme une délivrance où se mélangent appréhension et excitation. Vendredi 21 août à 5h55 précise 25 concurrents solo s'élancent groupés pour effectuer le Tour de Suisse en un minimum de temps. En dehors des favoris, on retiendra également la participation de quatre féminines (Giancarla Agostini, Nicole Fehr, Anita Serafini, Trix Zgraggen) et de Beny Furer. Prenez le temps de surfer sur le site de Beny pour comprendre le phénomène.

La grande ballade débute dans un silence religieux à peine perturbé par le sifflement des boyaux sur la route. Neuhausen est traversée dans la pénombre de l'aube conférant à ces premiers kilomètres une ambiance feutrée favorable à la concentration. Le matériel employé par quelques concurrents est impressionnant: cadre contre la montre avec roues lenticulaires, roues à bâtons, casque profilé. Le règlement autorise l'emploi de vélos spécifiques sur les portions roulantes et la possibilité de changer de vélo en fonction du profil. Nous roulons groupés à une allure régulière, le drafting étant autorisé jusqu'à la première Time Station. Les premières appréhensions se sont envolées, le Tortour est bel et bien réel maintenant, fini le rêve.
 

6

Time Station 1: Steckborn (km 31,7) 6 h 53, jusque là tout va bien!

Le Rhin et le Lac de Constance constituent le fil conducteur de ce début de parcours. A part une incursion dans la localité de Dissenhofen, nous empruntons une route nationale qui suit au plus près le cours du Rhin et l'Untersee (Lac inférieur) via Stein a Rhein, Mamunern et Steckborn.  Le Lac de Constance (Bodensee en Allemand) est un imposant lac naturel (536km²) situé à la frontière entre la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, composé en réalité de deux lacs indépendants, l’Obersee ( lac supérieur ), l’Untersee ( lac inférieur ). Rien à signaler sur le plan sportif sur cette portion, si ce n'est une accélération brutale à proximité de Steckborn pour permettre aux favoris de déterminer l'ordre de passage à la signature de la feuille d'émargement. Je n'ai pas les moyens de jouer les premiers rôles sur cette course, alors je prends cela cool, pas d'énervement dans la bousculade de la signature, je repars à peu près en 10e position, c'est parti pour plus de 1 000 km en non-drafting.
 

7

Time Station 2: Rorchsach (km 80,7), 8h15, jusque là tout va bien!

Le profil est plat, seules les traversées d'agglomérations et le code la route à respecter (feux, stop…) viennent rompre l'allure. Progressivement chacun trouve sa position en fonction du rythme qu'il souhaite s'imposer. Difficile de trouver le juste milieu entre l'envie d'appuyer en se laissant griser par la vitesse et la prudence qui nous dicte d'économiser nos forces. Les concurrents se suivent de près compte tenu de la fraîcheur des organismes et du peu de difficultés rencontrées jusque là, le moindre ralentissement est propice aux regroupements. L’instinct cycliste étant de trouver un abri, la tentation de former un peloton est grande. La présence d’officiels nous rappelle que le principe du Tortour repose sur le non drafting, restons respectueux du règlement.
 

8
   

Les bords du Lac de Constance sont marqués par une urbanisation dense. Les agglomérations avec leurs collections de ronds points en tout genre s’enchaînent de façon presque continue. Kreuzlingen forme avec Constance une seule et même ville que seule la frontière suisse allemande permet de différencier. La traversée de cette zone urbaine est délicate pour les cyclistes, réclamant une bonne dose d’attention pour trouver son itinéraire. Deux concurrents devant moi ont fait les frais de cet effort de navigation. Je les vois hésiter dans un rond point et prendre deux décisions contradictoires. Le premier coupe la route du second et cela se termine par une jolie gamelle. Ouf, elle n’était pas pour moi celle-là ! Je ralentis, les deux gars se sont déjà relevés, rien de grave heureusement.
 

9
   

Ronds points, lignes droites, et points de vue sur le Lac de Constance s’enchaînent jusqu’à Rorchsach  à une moyenne flatteuse. Près de 36km/h pour cette Time Station, je suis dans ma phase : « je suis trop fort ! », « trop facile ! », « l’ultra ce n’est pas plus dur que de mettre un pied devant l’autre ! », « même pas mal ! », « finger in the noze ! », « tout sur la plaque ! ». Je pointe en 8e position, pourvu que ça dure.

Time Station 3 : Buchs (km 139,6), 9h57, jusque là tout va bien!

Une déviation rend confuse la sortie de Rorchsach. Sur ce point le règlement précise que les cyclistes doivent suivre les déviations mises en place, sauf que dans le flot de la circulation j'ai perdu la signalisation de la déviation. Alors à l'instinct je navigue dans Rorschach pour finalement traverser une zone de travaux sur une voie ferrée qui m'oblige à déchausser. Tout rentre dans l'ordre rapidement lorsqu'un panneau m'indique que je suis dans la bonne direction. Un coup de fil à Laure pour les rassurer car avec les aléas de la circulation en zone urbaine, nous nous sommes perdus de vue.
 

10
   

   11
   

St  Margrethen marque le bout du Lac de Constance, l'itinéraire entame une large courbe vers le sud pour retrouver la vallée du Rhin. Les kilomètres défilent toujours à bonne allure, le moral est bon car je me sens relativement bien. Le coup de pédale est léger, sensation que je n'avais plus réellement ressenti depuis quelques temps. Je suis conscient que cela ne durera pas pendant deux jours à ce régime, alors j'en profite. Le profil devient plus vallonné sans réellement ralentir la progression entre Altstatten, Oberriet et Buchs. Le Rhin a creusé une large vallée en U bordée par une belle collection de sommets à plus de 2000 mètres. La tonalité montagnarde du Tour de Suisse commence à s'affirmer. Courte pause signature à Buchs en 7e position, pourvu que ça dure.
    
Time Station 4: Fideris (km 185,7), 11h25, jusque là tout va bien!

Entre Buchs et Sargans l'itinéraire longe la frontière du Liechtenstein, 4e plus petit Etat indépendant d'Europe marqué par son économie vigoureuse. Capitale du Liechtenstein, Vaduz est un nom qui a marqué mon imaginaire non pas pour sa puissance financière mais pour avoir accueilli le départ des trois éditions de la XXalps, une épreuve Ultra délirante qui a malheureusement disparu. La XXalps proposait ni plus ni moins de rejoindre les bords de la méditerranée en passant les Alpes autrichienne, italienne, suisse et française et en enchaînant le plus de cols monstrueux possibles. Une route des Alpes version XXL de 2 500 km et 55 000 mètres de dénivelées qui a été le théâtre de superbes épisodes opposant Wolfgang Fashing à Andréas Clavadetscher. Le vainqueur de la dernière édition de la XXalps n'est autre que Dani Wyss.
 

13
 

Traversée rapide de la station thermale de Bad Ragaz  suivie d'un passage sur la rive droite du Rhin jusqu'à Landquart, porte d'entrée dans le canton des Grisons. Nous délaissons le Rhin pour attaquer la montagne par l'étroite vallée encaissée de Prattigau. L'ambiance change radicalement, les versants se resserrent, la roche devient abrupte. L'allemand Achim Heinze, vainqueur du dernier Glocknerman, a effectué un départ prudent et commence à produire son effort. Il me rattrape et me laisse sur place avec un différentiel de vitesse impressionnant à la sortie de Schiers. La tête de course est déjà beaucoup plus loin devant, ce n'est plus mon souci. Je me contente de gérer mon potentiel du jour qui me satisfait déjà amplement. Nouvelle signature vite expédiée en 8e position à Fideris, pourvu que ça dure.
 

12
 

Time Station 5: Zernez (km 244,8), 14h07, jusque là tout va bien!

Une circulation alternée a été mise en place pour cause de travaux à la sortie de Fideris. Nous sommes obligés de marquer l'arrêt ce qui permet de constater que nous sommes quatre concurrents dans un mouchoir de poche: Hachim Heinze, Beny Furer, Urs Samtleben, et moi-même.

A la sortie de Kublis nous butons sur les premières pentes significatives. Une longue rampe au pourcentage respectable rend l'effort beaucoup plus intense. Ce changement radical de rythme et de braquet  après plus de 200 km sur le grand plateau constitue un excellent test pour évaluer la bonne gestion de l'effort depuis le départ. Verdict plutôt encourageant: l'organisme encaisse de façon satisfaisante cette nouvelle contrainte. J'arrive à Klösters les mains dans le dos et sur la plaque! Trop facile l'UltraJ  Cette apparente facilité est vite remise en cause par une méchante bosse de 6km à la sortie de Klöster avec quelques portions à forts pourcentages. Il est temps d'employer les petits braquets.
 

14
 
15
 
16
 

Altitude 1631m, après le franchissement de la localité de Wolfgang, nous suivons une large vallée d'altitude, Davos est en point de mire. Si pour l'élite de la planète Davos est synonyme de World Economic Forum, pour les concurrents du Tortour Davos marque le début de l'ascension de la Flüelapass (2383 m). Je connais bien ce col pour l'avoir franchi à quatre reprises, dont trois fois au cours de la Race Across The Alps. Rien d'insurmontable pour qui n'est pas encore trop entamé, ce qui est le cas aujourd'hui. Les premières rampes se négocient aisément, aidé par une brise thermique montante. J'éprouve une grande satisfaction à évoluer à des vitesses flatteuses, quel contraste avec la RATA où la Flüela se gravit au courage avec les crampons et le piolet. Température et luminosité sont parfaites pour profiter pleinement de l'ascension. Les 14 kilomètres de la Flüela sont un régal à parcourir, alpages et hautes montagnes se conjuguent pour former un décor de toute beauté. Les derniers kilomètres opposent plus de résistance, ils nécessitent une adaptation de l'allure et du braquet pour conserver un effort constant sans risquer le surrégime.
   

17
 
19
 
18
   

J'ai la surprise de rattraper à proximité du sommet le dossard 108, Adrian Brennwald, un suisse spécialiste des doubles Iron Man (7,6 km de natation, 360 km de vélo, et 84 km de course à pied) et triples Iron Man (11,4 km de natation, 540 km de vélo, 126 km de course à pied), il s'est également illustré sur quelques Ultra Trail comme le Tour du Mont Blanc et la Diagonale des Fous à la Réunion. La lecture de son CV révèle quand même un titre de Champion du Monde sur le double Iron Man en 2007 et de Champion d’Europe en 2009. Adrian semble accuser une grosse fringale, le visage livide, en train de plonger la main dans un sachet de pates de fruits que lui a donné son assistance. Je lui glisse un petit mot d’encouragement avant de basculer dans la descente rapide sur Susch.
 

20
 

Les suisses aiment les travaux routiers, je dois marquer une courte pause dans la descente pour respecter un feu de circulation alternée. Adrian me rejoint et nous abordons la basse vallée de l’Engadin ensemble où une mauvaise surprise nous attend : la brise thermique est maintenant défavorable ! C’est à regret qu’il faut laisser suffisamment d’espace entre nous deux pour respecter le non-drafting. Pour la première fois depuis le départ, entre Susch et Zernez, mes jambes me rappellent que l’Ultra n’est pas si facile que ça ! Signature un peu moins vite expédiée à Zernez en 8e position. Pourvu que ça dure.

Time Station 6 : Julierpass (km 290,9), 16h25, premières difficultés.

Dès la sortie de Zernez, le vent reprend son travail de sape. Avancer à bonne allure devient difficile et je me surprends à maudire cette vallée de L’Engadin qui possède pourtant beaucoup de charmes. Nous en prenons pour 30 km sur un profil ascendant entre Zuoz, Bever et Samedan. Longues lignes droites et montées anodines usantes s’enchaînent pour aboutir à St Moritz.


 
21
 

Cette station de ski à l’histoire ancienne se distingue pour avoir accueilli à deux reprises les jeux olympiques d’hiver (1924 et 1948). Son palace, le Badrutt's Palace Hôtel,  ses hôtels de luxe, ses cures thermales, son domaine skiable prestigieux, ont fait de St Moritz un lieu attractif pour la « Haute Société » depuis la fin du 19e siècle. Drôle de contraste entre un ultra commençant à sentir le fauve croisant du regard quelques individus huppés aux tenues impeccables. Une furieuse envie de péter me prend dans les rues de St Moritz, mais je me retiens, restons digne ! Nous quittons ce haut lieu par une courte descente en direction de Silvaplana avec une vue sur le Lac du même nom. Paysage de carte postale, si l’homme a été attiré par cet endroit ce n’est pas par hasard.
 

22
   
23
 
24
 

Fini les rêveries, Igor m’indique qu’il va falloir prendre à droite direction le Julierpass (2284m) et que le départ risque d’être un peu raide. Je ne connais pas le Julierpass, je me réjouis de pouvoir rajouter un nouveau col à plus de 2000m à ma collection. C’est parti pour 7 km de grimpette sur une route large comme les suisses savent en faire en haute montagne. Les premières rampes sont effectivement redoutables et nécessitent l’emploi de braquets assez modestes pour ne pas rester planté. Adrian Brennwald ne se laisse pas impressionné, attaque le Julierpass vigoureusement et prend le large. Il semble avoir trouvé son second souffle alors que de mon côté le coup de pédale a perdu de son efficacité, fini la sensation d’aisance de la Flüela. Peut-être est-ce normal et que j’en demande trop à mon organisme après près de 300 km parcourus ? Cette difficulté passagère ne m’inquiète pas, pour l’instant mon attention est accaparée par le spectacle alpin offert par le Julierpass. Le vallon par lequel chemine la route est cerné par les hauts sommets à plus de 3000 mètres, une belle lumière de fin d’après midi mettant formidablement bien en valeur ce paysage d’alpages et de rochers.
 

25
 
26
 

Pas d’arrêt au sommet, la Time Station a été positionnée 2 km en contrebas dans la descente sur le parking d’un restaurant. Surprise à la signature, je suis en 7e position, j'ai doublé quelqu'un sans m'en rendre compte mais j'ai perdu le fil de la course car nous commençons à être rattrapés par les teams. Sur les conseils de Laure qui veille à mon alimentation avec une rigueur quasi professionnelle, je marque au Julierpass ma première pause assise pour manger du plus consistant.

"Good job!" Un petit souvenir de la RAAM signé Gisèle et c'est reparti. Ambiance détendue, pourvu que ça dure.
 

27
 
28
 

Time Station 7: Sils (km 337,3), 17h49, jusque là tout va bien.

Voilà une Time Station plaisante au profil essentiellement descendant. A part quelques remontées qui viennent rompre l'allure, c'est sans effort intense que nous découvrons la vallée de l'Oberhalbstein qui borde le massif du même nom dominé par le Piz Platta à 3392 m. Seul sujet de préoccupation sur cette portion: les nuages bourgeonnants et la couleur sombre prise subitement par le ciel, tout cela n'annonce rien de bon. Faire du vélo en Suisse sans un petit orage serait suspect, alors restons dans la norme! Le tonnerre gronde à la sortie de Tiefencastel, prélude à une belle saucée courte et intense nécessitant l'opération K-way/garde-boue. La fin de la descente est rendue délicate par la route détrempée. Concentration et prudence s'imposent, une erreur arrive vite sur route glissante, je ne me laisse par distraire par ce concurrent rattrapé à la faveur d'une remontée. Il chevauche un beau Cervelo P4 qui avait attiré mon attention ce matin au départ.

Ce n'était qu'un bref orage comme il y en a fréquemment en fin de journée en montagne. L'optimisme est de retour avec la vision du ciel qui se déchire à l'horizon, un peu d'humidité n'a jamais fait de mal à un ultra. Signature à Sils vite expédiée toujours en 7e position, un concurrent a du me doubler lorsque je me suis arrêté à la Time Station précédante du Julierpass. Le moral est bon avec le retour du soleil, pourvu que ça dure.
 

29

Time Station 8: Disentis (km 403,2), 20h25, jusque là tout va bien.

Les conditions sont idéales, vent faible et température douce, le fond de vallée menant à Bonaduz est parsemé de petites côtes négociées sans trop de difficultés. Grande satisfaction d'être arrivé jusqu'ici sans soucis majeurs, je profite pleinement du Tortour, rien que pour ces instants je suis heureux d'avoir dépassé mes craintes pour venir ici.

A Bonaduz, nous délaissons l'axe principal de la vallée pour aller explorer une petite route pittoresque qui attaque le flanc de la montagne par une belle série de lacets avant d'atteindre le village de Versam. Igor me prévient que ça va être acrobatique étant donné que la route est indiquée comme dangereuse sur la carte et que le Road Book mentionne des zones de travaux non revêtues.

L'organisme réagit encore bien dans cette ascension musclée, fin des difficultés à Versam, village d'un calme absolu baigné par les derniers rayons du soleil. Ciel limpide, couleurs contrastées et éclatantes, j'aime particulièrement ces ambiances de fin de journée d'été en montagne.

31
 
32
   
33
   

Retour dans la vallée à Llanz où nous retrouvons notre vieil ami le Rhin. Il s'agit plus précisément du Rhin antérieur (Vorderrhein) qui ne prend ce nom qu'après la confluence avec le Rhin postérieur quelques kilomètres en amont de Coire. Il ne reste plus qu'à suivre le cours du Vorderrhein durant une trentaine de kilomètres en faux plat montant pour rallier Disentis. Cette première journée sur le Tortour touche à sa fin, j'en conserverai un excellent souvenir. Une nouvelle partie va débuter avec la nuit, d'autant plus que nous abordons la portion la plus difficile du Tortour avec l'enchaînement Oberalppass (2044m), Gotthardpass (2108m), Nufenenpass (2478m). Je prolonge l'arrêt à la Time Station de Disentis le temps d'enfiler quelques affaires plus chaudes, de mettre en place l'éclairage. Signature en 7e position, Marko Baloh mène la danse loin devant. La surprise vient de Daniel Wyss qui n'a pointé qu'une demi-heure avant moi. Immense respect pour ces deux athlètes qui étaient sur les routes de la RAAM il y a deux mois, nous n'évoluons pas sur la même planète.

Moral gonflé à bloc, c'est avec optimisme que j'aborde cette première nuit. Je ne vois aucune raison pour que cela ne dure pas!
   

34

 

A suivre...

Publicité
Publicité
Commentaires
H
Pascal, le coup de l'ange on ne me l'avait encore jamais fait!<br /> C'est du grand bridoux, chaleureux à souhait, et comment dire, toujours un peu excessif! <br /> Gardons les pieds sur terre. Ce n'est que le compte rendu d'une épreuve ultra, d'un mec qui pédale et qui pédale durant des heures, un peu romancée parce que je dois prendre un certain plaisir à me mettre en scène... avec toutes les fautes et imperfections d'un gars qui n'a fait aucune études de littérature, qui ne maîtrise pas les techniques et le talent des vrais auteurs. <br /> <br /> Je me demande si dans le concerto de Berg les Anges pètent, parce que moi ça m'arrive souvent quand je pédale trop longtemps !!!!<br /> <br /> Désolé, c'est de mauvais gout, mais l'Ultra est un aller-retour incessant entre un besoin d'élevation spirituelle et la satisfaction des besoins primaires.<br /> <br /> C'était ma pensée du dimanche soir.<br /> Alors merci Pascal pour ton style inimitable, et de prendre le temps de lire ces récits qui ne sont que ce qu'ils sont.<br /> Merci à l'ensemble des internautes fidèles ou occasionnels qui transitent par UlimitedMiles. Je ne répond malheureusement pas toujours aux commentaires, tout simplement parce que je ne trouve pas les mots justes pour répondre sans passer pour un "faux modeste" ou un "vrai prétentieux", mais l'ensemble de ces témoignages constituent à n'en pas douter une source de motivation infinie.<br /> <br /> Pour la suite du Tortour? La patience est la première des qualités pour les sports d'endurance!<br /> <br /> Merci et à très bientôt<br /> Hugues
V
23H19.............je lis " Tortour" encore une fois ....<br /> <br /> Pourquoi ??? <br /> <br /> Cela fait au moins 5 fois que je relis et regarde ces magnifiques images ......<br /> <br /> 22H 19..........j'étais dans la 1 ére symphonie de BRAHMS. à la Filature de Mulhouse .....et mon archet vibrais..à bloc , émotions avec le public énorme.....concentration extréme et plaisir intense à l' intérieur de mon corps ...<br /> <br /> 2éme mouvement d' anthologie de romantisme .... 4 éme mouvement .... d'une grande force ultime ...du même style que la descente du " Stelvio" ....ETCETC Aplaudissements ...........récompense ultime et immédiate d' une joie partagée en osmose avec un public inconnu et heureux....<br /> <br /> Super Plaisir pour le Petit Musicien que je suis .... et ...à 23h19..exactement.........J' allume mon ordinateur , un peu pas réflexe parfois ,,, souvent par décontraction aussi d' une journée chargée...mais la plupart du temps , par PASSION du monde du vélo qui me fascine depuis quelques années........<br /> <br /> et me revoila , naturellement sur ton site, Hugues, que j' adore ... à parcourir .. lire....relire ... tes récits ultras ..<br /> <br /> Rêves ...Reflexions ...Sensations Respect...Admirations sont un curieux mélange qui se bouscule dans ma tête quand je parcoure tes écrits ...<br /> <br /> Vraiment super super ..CE que tu vis avec le sport vélo et comment tu arrive à nous le faire partager à ta maniére . ... <br /> Bien sûr , chacun a sa propre façon de le ressentir , de l' analyser , de le dire ou de ne rien dire, mais puisque la magie d' internet existe ........alors ........CE SOIR .... pour une fois , VieuxBridou prends sa petite "plume" perso et aprés BRAHMS , BERG ( marrant , on a joué aussi ce soir le concerto pour violon .. qui s ' intitule " à la Mémoire d' un ANGE") , ....je savoure encore une fois avec un immense plaisir , ta PARTITION ultra............. et puisque que le seul petit avantage que j' ai encore sur " RATAMAN" ... c' est bien le privilége de mon Age ... je me demande si tu ne fait pas parti de cette fantastique catégorie des ANGES.<br /> <br /> <br /> Bonen nuît " CHAMPION" ........ et écris nous dés que tu peux ....la suite et fin de ton aventure SUISSE ........... et à Bientôt ici ou la .... avec le FKC ou BRAHMS IHIHI<br /> <br /> Amitiés <br /> PascaLamoulinette
S
J'ai pris mon temps pour lire ce compte-rendu, et apprécier chaque photo. Comme d'habitude, cela donne envie! "Pourvu que cela dure" ...<br /> J'adore la dernière photo, entre jour et nuit. J'imagine la suite de nuit avec cette trilogie de cols à plus de 2000m...
J
Hugues, ce n'est pas pour faire des flatteries (je n'aime pas...) mais en plus d'avoir le talent qu'on te connaît pour ces virées de dingues, en plus tu les racontes vachement bien! Il y a de la structure narrative là dedans! C'est vrai qu'on en redemande et qu'on a hâte de lire la suite. Allez, au boulot!<br /> Merci d'avance...<br /> <br /> Jean-Marc, Ricofan à fond à fond!
V
Vraiment super à lire et à regarder.......<br /> Beaucoup d' émotions à te lire et vivement demain ... que je puisse "déguster" la suite de ton épisode Tortour.<br /> <br /> Un vrai régal ........<br /> <br /> Génialississmmmmmmmmmmme !!!!!!!!!
Publicité