Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Unlimited Miles
11 janvier 2008

les cols de la RATA: l'Umbrail Pass, sublime et redoutable.

095202_1_
Décor magique, route d'une autre époque dans l'Umbrail.
   

Toutes les épreuves à fort caractère traversent des lieux symboliques qui progressivement se chargent de sens en fonction des expériences vécues par chacun. Ces lieux nourissent l'imaginaire des cyclistes et finissent parfois par être qualifiés de mythiques. Demandez aux participants de la Marmotte de vous parler de la montée de l'Alpe et il en ressortira souvent un récit teinté d'émotions et de sensations diverses. Les meilleurs souvenirs se forgent dans la difficulté.
   

094608_1_
Un vallon boisé, une route en gravillons.

   

L'Umbrail est à l'échelle de la RATA le col où tout peut arriver. Dans un décor sublime, ce dernier morceau de bravoure met chaque concurrent face à la réalité de ses possibilités, à ce stade il n'est plus possible de bluffer. Après 20h d'efforts, on pourrait penser que le classement est bien établi, et  pourtant on assiste chaque année à un surprenant jeu des chaises musicales pour les premières places à l'arrivée, le podium final n'est connu qu'au sommet de cette dernière difficulté.
   

umbrail_map
L'Umbrail Pass est en réalité le versant Nord du Stelvio.
   

umbrail
Un profil redoutable pour les organismes fatigués.

140430_1_
Santa Maria, au pied de l'Umbrail Pass.

L'Umbrail Pass constitue en réalité le versant Nord du Stelvio. Au départ de Santa Maria, ce col est particulièrement redoutable, surtout pour des organismes légèrement entamés ! En 13 km le cycliste va devoir se hisser de l'altitude 1375m à l'altitude 2501m,  soit une pente moyenne de 8,6 %, avec un passage à 14% dès le début de l'ascension. La route empruntée tranche radicalement avec les grands boulevards montagnards caractéristiques de la Flüela et de l'Ofen. Le bel asphalte s'est transformé soudainement en un étroit ruban de bitume où une succession de lacets part à l’assaut d’un versant forestier abrupte. Le paysage est magique, passant d’une forêt dense à un petit vallon encaissé pour finir par des prairies d’altitude dominées par de hauts sommets, le plaisir visuel est constant. Cet ensemble dégage une impression d’immensité qui rend la difficulté de l’effort presque supportable. Une moitié de notre esprit se dit  « que c’est beau », alors que l’autre moitié se trouve confrontée à la dure réalité de la pesanteur et de l’acide lactique. Instants inoubliables et pourtant si dur, l’Umbrail synthétise à lui tout seul toute la complexité des sensations recherchées par un cycliste amoureux des efforts de longue durée. Par moments le bitume disparaît pour laisser la place à un revêtement approximatif composé de terre battue et de gravillons, tout est fait ici pour nous replonger dans une époque oubliée où l’on appelait encore les cyclistes « les forçats de la route ».

 

094041_1_
   
094051_1_
Rata 2007: après la chute d'Aprica, la déroute du Mortirolo, l'orage et les doutes de la nuit,
je retrouve des forces dans l'Umbrail.

   
094519_1_

   

La RATA se gagne d’abord dans la tête, une bonne dose de patience est nécessaire pour atteindre le sommet de l’Umbrail où un poste de frontière abandonné nous indique que nous quittons la Suisse pour repasser en Italie. L’effort n’est pas terminé, après une descente de quelques hectomètres, il faudra mobiliser encore quelques forces pour franchir les trois derniers kilomètres qui vont  permettre d’atteindre pour la seconde fois en 24 heures le sommet du Roi Stelvio à 2757m. Le décor est presque familier, les images de la veille étant encore fraîches dans les esprits, le cycliste pédale tel un automate à l’assaut de cette dizaine de lacets qui le sépare du sommet, plongé dans une quête totalement inutile mais fascinante Au milieu des touristes matinaux, on reconnaît aisément les coureurs de la RATA à leur démarche titubante, au regard vague mais éclairé par cette petite lueur qui signifie : « c’est presque gagné ! ». L’effort, l’altitude, la vision des sommets enneigés du massif de l’Ortles se conjuguent pour brouiller les esprits, et pourtant il faut rester lucide pour négocier la descente vertigineuse sur Prad et ses 50 lacets. Il reste encore une modeste difficulté à franchir avant de s’offrir la marche triomphale sur Nauders.
 

094542_1_
La RATA, un effort inutile mais passionant.
 
133844_1_
Le Roi Stelvio pour la 2e fois en 24 heures.
 
082651_1_
Vue plongeante sur le vallon de l'Umbrail.
   
084936_1_
Dernières longueurs vers le sommet du Stelvio.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité