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Unlimited Miles
25 juin 2007

Pédaler en bonne compagnie: des émotions partagées.

RPE_001Le vélo est un sport solitaire qui paradoxalement permet des rencontres surprenantes et passionnantes.
Cette saison 2007 nous a permis à Laure et moi de partager des instants formidables avec un couple atypique, mordu de vélo, de longues distances, et de plein d'autres choses. Un couple qui respire la sincérité et la joie de vivre, en dehors des modes et des sentiers battus.
Anne et Mark Haycraft résident sur les hauteurs de Laragne dans les Hautes Alpes, au domaine de l'Arzelier, un lieu calme et en dehors du temps qui leur ressemble. Avec un passé de cyclotouriste chevronnée et ayant sillonné de nombreux pays et continents, Anne a de quoi faire rougir pas mal de baroudeurs à deux roues. Quant à Mark, ancien champion de contre la montre du Pays de Galles, il est passé par le deltaplane avant de goûter aux joies des longues randonnées à vélo.
En 2006, Anne et Mark avaient réalisé en toute simplicité le Raid Provence Extrême avec brio en relais, avant leur épopée estivale à travers les Alpes: un périple en relais représentant la bagatelle de 2100 km, 51 000m de dénivelée, 53 cols dont 15 à plus de 2000m, à travers la France, la Suisse et l'Italie.
En 2007, année de Paris Brest Paris, Anne a tenté avec succès l'aventure des brevets qualificatifs, soit par ordre chronologique 200 km, 300 km, 400 km, et 600km, effectués d'une traite à chaque fois. De son côté, Mark a accompli le Raid Provence Extrême en solo dans des conditions épiques, et accompagné Anne sur le 600km 3 semaines après le RPE.
Laissons Anne nous raconter les brevets de 400km et 600km, preuve encore une fois que la gestion des longues distances est avant tout une histoire de mental et pas forcément de gros mollets. Pour finir, régalons-nous avec le récit  " so british" du RPE  de Mark.

Aller plus loin et en bonne compagnie avec les BRM.

BRM 400 GAP, 12-13 mai 2007

RIMG0013Tout au long de la semaine qui a précédé, je me suis sentie comme une lycéenne avant le bac : estomac noué, forte appréhension d’autant plus qu’il aurait été facile de suivre Mark, Laure et Hugues à la Cyclo Les Cœurs du Forez.
Non pas que Paris-Brest-Paris fut l’un de mes objectifs – n’en déplaise à mon père qui l’a bouclé en 1995 - mais les brevets organisés par le club FFCT de Gap sont une occasion idéale pour faire de la longue distance sans stress et en bonne compagnie. Alors pour moi, c’est en 2007 ou jamais.
Grâce à notre bon entraînement foncier à Mark et moi, le 200 s’est bien passé ; le 300, que j’ai fait en compagnie de Laure, m’a aussi laissé un très bon souvenir avec le départ de nuit et le sentiment d’avoir fait un grand voyage, même si le retour fut plus laborieux.
Prévoir un 400 km avec près de 4000 de dénivelée quinze jours avant le Raid Provence Extrême que je ferai en relais avec Elisabeth (660 km et 10000 de dénivelée) n’est pas vraiment raisonnable … mais je n’ai pas pu m’en empêcher.

Préparation consciencieuse, équipement minutieux et me voilà sur les rangs du départ. Accueil chaleureux à Gap, retrouvailles avec des compagnons de route dignois et départ en groupe à 16 heures sous un chaud soleil.

Pour se rendre de Gap à Digne, c’est la longue vallée ou la montagne ! Il faut le franchir ce massif par la route sinueuse et déserte de la vallée de la Blanche qui évite le col Saint-Jean. Puis c’est le col des Maures à 1300m suivi du col du Labouret. Nous voici à six à filer sur Digne, cette descente est un régal, je la connais bien pour avoir habité par là pendant quelques années.

Les fontaines se font rares, impossible de trouver de l’eau à Digne-les-Bains la mal nommée, des minutes à chercher en vain, les Dignois n’étaient pas bons guides cette fois (j’ai eu la même mésaventure dans le 300 en passant à Laragne avec Laure : c’est vrai qu’on ne cherche pas souvent une fontaine devant chez soi !). Et nous voici repartis à la fraîche vers Barême par le col de l’Orme. La nuit tombe, un groupe nous rejoint pour s’attabler sagement au restaurant. Nous préférons manger rapidement, nous équiper pour la nuit (je ressemble à un sapin de Noël avec mon brassard clignotant, mon baudrier phosphorescent et mes trois lampes).
Dans le noir d’encre, nous franchissons allègrement le Col des Lecques. Tout est plus aisé dans la nuit. D’abord le silence, puis l’absence de vision du relief, enfin la descente : ça glisse, c’est fluide, on entend et on voit les voitures arriver, pas d’appréhension. J’adore rouler la nuit !

Les heures passent dans une complicité silencieuse, notre groupe n’est pas bavard. Trouver une boîte aux lettres improbable dans un hameau pour poster nos cartes de pointage, ne pas se tromper de route, franchir deux autres cols (nouveaux pour moi cette fois ci !)…. et nous voici à la moitié du parcours dans la belle ville de Draguignan vers une heure trente du matin.

Elisabeth habite tout près et c’est elle qui a proposé de faire un bout de route avec nous, l’occasion pour elle de s’habituer à rouler la nuit. Se lever une demi-heure après s’être couchée et sauter dans son cuissard, c’est rien pour quelqu’un qui vient de rentrer d’une compet VTT dans le Gard ! Elle nous rejoint avec son joyeux entrain et nous amène notre " commande " passée au téléphone quelques minutes plus tôt : barres céréales, gâteaux, 3 litres d’eau, un tee-shirt pour un collègue transi... Conversations gaies, photos : un grand moment ! Elle nous accompagne 40 km qu’elle refera seule sur la même route au retour sans un kilomètre de plat…

C’est après son départ que les choses se gâtent pour moi. Je l’ai déjà dit, mon groupe est concentré sur l’effort et tellement silencieux que … je m’endors. Après avoir lutté en vain contre l’engourdissement, je décroche une première fois et je me réveille quand je sens ma roue avant me tirer vers la droite.

Heureusement, arrêt providentiel peu après à Vinon-sur-Verdon : à 5h30 le café est déjà ouvert, nous y croisons les noctambules avec qui nous comparons la façon dont nous avons occupé notre nuit respective : " Vous venez d’où comme ça ? " " De Gap " " !?! Et vous allez où maintenant ? " " Ben, on y retourne ". Ambiance.

La boulangerie d’en face ouvre bientôt. Requinqués, débarrassés de notre attirail lumineux, nous voici repartis vers la vallée de la Durance…et l’engourdissement me reprend. Je m’endors à nouveau en roulant. Ca m’inquiète vraiment, je me connais et je redoute la route nationale à venir où nous allons devoir rouler prudemment avec l’augmentation du trafic. Je sais que ce coup de barre ne passera pas. Ma décision est prise : j’impose l’arrêt à Oraison et j’annonce fermement à mes collègues que je stoppe pour dormir, je leur demande de me laisser là et de continuer sans moi. C’est sans appel. Consternation de mes co-équipiers de Digne avec qui j’avais roulé tant de fois dans le passé et qui se réjouissaient de ma compagnie : je suis trop fatiguée pour entendre leurs arguments. Je sais ce qu’il me faut : une étendue d’herbe douce à l’écart. Je trouve mon bonheur à la sortie du village, me rend discrètement mon vélo à la main derrière une maison où se dresse un beau verger dans le soleil du matin. Personne ne m’a vue. Je m’allonge derrière les buissons, téléphone à Mark que j’avais promis d’appeler au lever du jour, je l’inquiète inutilement. Puis échange rapide de SMS avec Elisabeth pour m’assurer qu’elle est bien rentrée et je sombre. Je sais que ce sera court : 20 mn de sommeil profond me reconstituent. Je me réveille comme une fleur et je repars.

Les derniers 100 km, je les connais par cœur, au centimètre près. Les piliers du club de Gap, avec leur beau maillot soleil, sont sur ma route plusieurs fois au gré de nos arrêts respectifs, mais j’ai choisi de rouler seule. J’aime ça. Je m’arrête souvent mais jamais plus d’une minute, juste le temps de laisser les jambes (…et le reste) se reposer, et je repars, très régulière et obstinée. C’est long. Sans compteur, je ne connais pas ma vitesse, c’est mieux comme ça mais je sais que c’est lamentable. Dans les côtes, mon cardio me confirme que ça ne veut plus monter, je me traîne, mais je ne lâche pas.

Enfin, j’en vois le bout et sur le moment, j’ai des pensées noires et définitives sur ce genre d’épreuve… Mais bizarrement, quelques jours après, je suis sur un petit nuage, avec une impression indéfinissable, comme un drogue : c’est l’idée de pouvoir faire plus encore. Le 600 était dans un petit coin de ma tête, maintenant j’en ai peut être envie ?


BRM 600, Toulon La Garde, samedi 16 et dimanche 17 juin 2007

Imprévu.

RPE_002L’avantage quand on se décide au dernier moment à faire quelque chose de difficile, c’est qu’on n’y pense pas avant et qu’on n’est pas sous pression. C’est comme ça que j’ai abordé ce Brevet des 600 kilomètres : j’avais décidé de ne pas le faire. Jusqu’à jeudi, j’étais donc très cool et nous avions Mark et moi un long week-end tranquille devant nous et plusieurs projets de balade à vélo.

Mais j’ai rencontré ma mauvaise conscience jeudi à midi à la piscine où je nage 3 fois par semaine depuis des années. Elle m’a demandé de changer de ligne parce que je nageais pas assez vite ! Cette petite peste ne sait pas (et ne saura jamais) que sa remarque méchante m’a profondément vexée. Ma colère retombée, je me suis dit : " C’est vrai, je n’avance pas vite, ni en nageant, ni en pédalant et tout l’entraînement possible n’y changera rien….mais je peux aller très loin ! ". Je vais le prouver, je n’ai jamais roulé plus de 400 km en une étape.

Cette idée ne m’a pas lâchée et à la maison le soir, j’ai dit à Mark qu’il fallait que je fasse le 600 ce week-end : " Je n’ai pas d’excuses : je suis en forme, bien entraînée, nous n’avons rien de prévu, j’ai une nouvelle selle que je supporte bien (une SMP Pro que je recommande vivement !)… "

J’ai un mari formidable : non seulement il m’encourage et me conseille dans mon entraînement, mais surtout il a plus confiance dans mes aptitudes que moi-même ! Il en existe beaucoup des gens qui répondraient au pied levé à cette invitation : " OK, je viens avec toi et je vais t’aider" ?

Le RAP.

Donc nous voici partis vendredi matin. Comme toujours, notre logistique est impeccable et il ne faut pas se tromper car ce parcours est un vrai RAP (pour les initiés : Race Accross Provence) : de Toulon à Vinon-sur-Verdon, Oraison, Gap, Nyons, Grignan, Bonnieux, Cadenet, Jouques, Rians, et Toulon. Le tout en 40 h maximum autorisées sans assistance ni ravitaillement. 3900 m de dénivelée positive et une dizaine de points de contrôle. Le parcours passe à 20 km au nord de chez nous, nous déposons donc à Serres un véhicule avec des vêtements chauds pour la nuit, l’éclairage, et du ravitaillement.

Nuit au camping à quelques kilomètres de là, départ samedi à 6 heures du complexe sportif de La Garde. Aucune critique à faire sur l’organisation mais je ne peux pas féliciter le club de La Garde (et son sympathique président tandémiste) du point de départ et d’arrivée des brevets : ce gymnase se trouve au milieu d’une zone d’activité de plusieurs dizaines de kilomètres carrés (je n’exagère pas !). Innombrables entrepôts, usines, voies ferrées, magasins, autoroutes : tout ce qu’un cycliste déteste ! Un simple fléchage aurait été bienvenu !

Le départ a été hésitant. Nous savions les 50 premiers kilomètres difficiles en terme d’orientation, il était indispensable de rester avec le groupe. Nous suivons donc 4 cyclistes qui ont l’air de savoir où ils vont dans cette satanée zone jusqu’au moment où… ce groupe ce scinde en 2, et chacun de son côté emprunte une route différente… que faire ? Attendre le groupe suivant. La même situation se renouvelle quelques kilomètres plus loin dans un groupe plus important en nombre… Cette fois ci nous faisons demi-tour pour rattraper ceux qui nous préviennent d’une erreur de parcours. Et nous avons raison car ce groupe est mené par un tandem dont nous profitons quelques dizaines de kilomètres.

Chutes à répétition.

Le long de la vallée de la Durance, le parcours est très roulant et facile. Nous avançons bien, je suis dans la roue de Mark qui ne me verra pas beaucoup pendant quelques heures. Jusqu’à la première chute. Un virage un peu serré, un marquage au sol mal fait et Mark se prend un trottoir dont le relief est masqué par la peinture jaune. Chute acrobatique, rattrapage d’une main sur la barrière de sécurité, le choc est amorti, le vélo pas trop endommagé. Nous sommes à ce moment-là avec des Italiens bien sympathiques qui ne parlent pas plus l’anglais et le français que nous l’italien. Deuxième chute 30 kilomètres de là, même cause mais plus grave : un trottoir dans une piste (cela mérite une plainte à la DDE), l’un des Italiens est éraflé sur une jambe, assez sérieusement. Beaucoup plus de détresse dans son regard que de souffrance physique. Nous en sommes au kilomètres 150 et la route est encore longue. Nous ne savons pas encore s’ils ont pu finir.

A la réflexion et en aparté, il y a peu d’abandons dans les Brevets cyclotouristes car quand vous êtes loin de chez vous, sans chaussures pour marcher, sans vêtements autres que de vélo, il peut être plus difficile d’abandonner et de trouver un rapatriement en transport en commun que de continuer ! Dans les épreuves d’ultra, cela doit être tentant de monter dans la voiture qui vous suit au premier pépin !

Nous continuons tous les deux, le parcours se déroule facilement : Gap, puis Veynes et Serres où se trouve notre voiture. Il est 17h15, il fait chaud, nous sommes encore frais et j’entends Mark me dire : " Nous avons assez à manger avec nous, la salade de pâtes suffira, ne prenons pas de sandwiches ". Nous ne prenons pas non plus de vêtements plus chaud, la nuit nous serons dans un relief très plat et bas, il ne va pas faire froid ! Je ne conteste pas.

Comme des bleus.

Le parcours se poursuit à vive allure le long de la très belle vallée de l’Eygues, le couchant est magnifique, le ciel devient rose comme nous entrons dans le terroir des Côtes du Rhône. Je commence à regretter nos sandwiches… à 21 heures, nos poches sont vides, nos estomacs bientôt aussi et la température se ressent des effets de l’ombre, puis de la nuit... A Grignan, un cafetier où nous pointons est sensible à mes explications démonstratives et, généreux, il nous offre 4 petits gâteaux secs (pas un de plus), il n’a plus de quoi faire un sandwich. A Malaucène à 1 heure du matin, un hôtelier, impressionné, nous donne 5 petits pains. Lui a sûrement des réserves pleines, mais il est sur le point de fermer… Ces petits pains vont nous sauver. Stoïques et courageux, nous continuons. J’ai très mal au genou droit et un anti-douleur me calme un peu. Mais à un arrêt, je n’arrive pas à enlever mon pied de la cale, et je chute lourdement. Rien de grave mais c’est la 3ème chute depuis le départ… Il faut absolument se concentrer et être vigilant. Avant Vaison-la-Romaine, par inattention, nous partons à l’opposé. Demi-tour et 6 kilomètres de trop. Heureusement sur le plat.

Comme dans le ventre du cheval.

Comme d’habitude, il arrive un moment où je pique du nez et rien ne peux me distraire quand j’ai décidé qu’il faut dormir. Il est 3 heures, Mark avise un petit chemin le long de la nationale, nous le remontons jusqu’à l’entrée herbeuse d’un portail clôt. Nous déplions nos couvertures de survie qui font tellement de bruit dans la nuit que tous les animaux des environs se manifestent d’une façon ou d’une autre… Nous posons nos affaires dans l’herbe humide et à peine couchés, plusieurs chevaux s’approchent de la clôture, curieux, ils sont à moins d’un mètre de nous. Nous entendons tout, amplifié par le silence de la nuit : leur broutement, leur lapement (il y a un bac à eau), même le bruit de leurs intestins et … du reste. Nous ne parlons pas mais sommes secoués d’un fou rire qui malheureusement ne nous réchauffe pas car la nuit est…. glaciale.

Passagers clandestins.

Nous avons dormi au moins un quart d’heure. La température est sans doute en dessous de 10°. C’est très humide. Transis, nous plions notre couverture de survie en 4 que nous plaçons sur notre torse sous le coupe-vent. C’est bruyant, encombrant, mais très efficace. Mais la transmission avec mon cardio-fréquence mètre ne marche plus…
Toujours affamé, Mark rêve tout haut d’une boulangerie avec un café. Dans un précédent brevet (cf. 400), j’en ai trouvé une ouverte à 5h30 ! Les paris sont ouverts !
L’aube pointe, le soleil arrive, c’est magique mais la lumière nous dévoile l’obstacle droit devant nous : il faut franchir le Lubéron… Nous attaquons la longue côte de Bonnieux, je suis un peu derrière et Mark m’attend à l’entrée du village, avec un petit sourire que je lui connais bien (celui des gourmands) : une boulangerie-café qui a ouvert il y a à peine 5 minutes.
Avant d’entrer, nous quittons à l’extérieur nos harnais, brassards, gilets lumineux et autres accessoires, Mark enlève son casque qu’il retourne et découvre …. plusieurs escargots nichés dans les alvéoles ! La scène est cocasse, nous sommes hirsutes, gelés, sales sur la place du village avec des escargots sur la tête ! Le fou rire nous submerge à nouveau. Les boulangers n’ont rien compris… tant pis pour eux, nous on se marre.
Le ventre plein, nous repartons, le soleil du petit matin nous réchauffe. Splendide descente vers Lourmarin et la Durance que nous traversons à Cadenet. La route est facile ensuite via Meyrargues jusqu’à Rians.

Le vent dans le nez.

Après Rians, avec plus de 500 km au compteur, les choses deviennent difficiles. Je m’endors à nouveau et je pique du nez quelques minutes dans un abri bus. Nos arrêts deviennent plus nombreux, notre moyenne chute, notre progression se ralentit considérablement. La montée très droite de Rians à St Maximin la Sainte Baume est redoutable. Mais mon moral n’est pas atteint pour autant. Le soleil est voilé depuis un moment, le vent du sud nous ralentit, Mark est toujours devant et m’emmène vaillamment.

Le massif de la Sainte-Baume est un très bel endroit. C’est indiscutable. J’espère le traverser à nouveau un jour de grande forme, mais pas avec tant de kilomètres dans les jambes et un fort vent de face ! Interminable, cette montée vers Mazaugues, épuisante cette succession de bosses, c’est l’épreuve de l’épreuve.

Quand nous arrivons à l’entrée de la zone urbaine, à Sollies-Pont, la délivrance est proche… et pourtant si loin ! Encore 20 km avec un niveau très élevé de difficulté en orientation. Tout y est : absence de signalisation, routes défoncées par les poids lourds, grands axes, voies ferrées, zones d’activités qui se succèdent. C’est le genre de difficulté finale qui peut se révéler insurmontable dans une telle épreuve. Est-elle bien nécessaire pour préparer nos camarades de route au Paris-Brest-Paris* ? Mais Mark est aussi un excellent pilote et il nous sort de ce m…dier.

Nous voici enfin au bout de ce RAP, nous avons un peu mal partout (mais pas trop finalement) et ce qu’il en reste, c’est le souvenir d’avoir vécu quelque chose d’absolument extraordinaire et en couple ! C’est sûr qu’on va recommencer un jour

* épreuve qui se déroule fin août tous les 4 ans dont la longueur est de 1250 km à accomplir en 90 heures maximum (ou moins selon la formule choisie). Les Brevets des Randonneurs Mondiaux (BRM) de 200, 300, 400 et 600 kilomètres sont obligatoires pour pouvoir s’inscrire à Paris-Brest-Paris.

Texte : Anne Haycraft



Raid Provence Extrême by Mark– 26 & 27th may 2007

03114741_1_" There’s no way I could do this as a solo ", I remember saying to Anne last year after finishing our first RPE as a relay team. But by the end of 2006, the idea that I could ride the RPE 2007 solo was firmly fixed in my mind. I like pushing my limits.
I subscribed in January, the decision had been made. I had no previous experience of long distance riding except for a challenge called Le Défi des Fondus de l’Ubaye which I completed last year in 14,5 hours (320 km for 6800 meters of climbing).
Hugues Rico, the winner of the RPE 2006 and 2007, helped me with training and we did quite a few long rides together ranging from 190 to 300 km. Throughout the end of winter and early spring months, I had an endless list of minor ailments (tendinitus in my right ankle, two dental infections and extractions, hay fever, etc.). I was worried that I wouldn’t be on top form for the day of the race the 26th of May.
Anyway the training continued and I participated in two cyclosportives, one in early April and the other in May. Both with good results (at my level anyway !).
Each rider has a following car equipped with a girophare to provide all the cyclists needs during the race, ie clothing, food, drink, etc and to illuminate the road at night.
A solo rider is part of a team of (in my case) 3. I did all the pedaling bit, and Claudie and Marine took care of everything else, I would never have finished if I had been on my own.
We arrived at Saint-Rémy de Provence on Friday 25th, made all final checks and preparations and met the other participants at the briefing held by Patrick François, the race organizer. It’s a really European affair with riders from Great Britain, Spain, Germany, Italy, Austria, Switzerland, Luxemburg and France this year.

The Race.

We left Saint-Rémy at 9.00 am and rode in a peloton as the first 52 km where neutralized. The real start was given at Bedoin at 11.45 with first of all the small Col de la Madeleine to Malaucène then the climbing of Mont Ventoux culminating at 1950 m. Storms where expected in the afternoon and already the sky was laden with dark menacing clouds. The first few kilometers are always an indicator of form and, for my part, I felt really good. The cool conditions made for an easy climb. The top riders pulled away but I didn’t try to follow as my "Polar" heart rate monitor was already at 170 bpm and I didn’t want to go into the "red" (the higher bpm where you are near your limit and your body produces more lactic acid which heeds performance later on).
Five or six kilometers from the top, the summit was already lost in the clouds. Thunder boomed as the storm broke. Into the clouds I cycled, visibility down to a few meters, hail and rain swept across the road. Arriving at the summit, I put on waterproof gloves, leg warmers, over shoes and K-Way and started the descent with Claudie just behind with the headlights, girophare and warning lights all flashing ! It was 2 pm ! Unfortunately, Claudie and Marine didn’t received on their mobile phones the organizer’s message that the cyclist could descent in their assistance car because of the extreme and dangerous conditions. Finally on the lower slopes of the Ventoux I came out of the clouds but the rain was still torrential as a secondary storm swept across with very strong winds.
10 km later, we arrived at Aurel, the first control post . I signed in and saw that I was the 5th placed solo. Control n° 2 was in Banon and n°3 in Valensole, 92 km away with a head cross wind which made the going quite hard, which I reached at 5.35 pm, feeling good and strong, still in 5th place.
At Aiguines, control n° 4, 250 km from the depart, it was now mild and quite sunny at 7.27 pm. Beyond Aiguines lay the circuit of the Verdon Gorges, a lot of climbing and descending, but the most magnificent of places, especially in the late evening light.

The beginning of my problems…

Before arriving at Aiguines, I started to feel nauseous. It became difficult to eat solid foods though I continued to drink regularly my bottles of Isotonic drinks which contains plenty of calories and it’s the next 350 km in front of us that really counts ! The nausea got worse, it’s a classic symptom of long distance efforts : I now know that it’s best not to eat and drink too much, especially sweet sugary things, as the stomach digests foods more slowly as the blood is needed else where, ie in your muscles ! Once you get ill, you have to forgot all thoughts of a good finishing position. In my case, for more than half the race, I was just in "survival" mode !

Between control 3 and control 4 at La Palud, I was passed by 3 riders. At 9.30 pm, I stopped a few minutes to put on more warm clothing and the lights on the bike. The summit of the Belvedere du Verdon, which is just before control 4 was in the cloud and it was now completely dark. As we entered into the clouds, the car headlight projected my silhouette revealing in front of me a "giant" cyclist, maybe 10 meters tall ! I signed in at control 4 at 11.28 pm, we’ve covered 327 km.

We’re all in good spirits as we head off on the next stage, 70 km away and mostly flat. At 2.07 am, we arrive at Oraison , control 5. At this control is Alex Lesca, the race doctor, qualified masseur who is following the race. I ask to sit down a few minutes in one of the controler’s folding chairs and Alex asks me if I’d liked a massage. Yes, great, I reply. He starts on my neck and shoulders and Claudie and Marine also join in massaging a leg each. This makes us all laugh as I say that I’ll never forget control 5 !

A few minutes later, we set off again towards control 6 which is on the summit of the Montagne de Lure. This is one of the hardest parts of the race as we climb from 200 m to the summit at 1826 m in 58 km. We arrive at Saint Etienne des Orgues, which is at the foot of the long climb to the summit, at about 4:30 am. I’m still feeling nauseeus and very weak. Claudie and Marine need to sleep a few minutes so they park up, and I start climbing, the road lit up by my bicycle lamp. After a few kilometers, they passed me to park up again and sleep another 20 minutes or so. The forest is alive with the sound of various animals and birds as around 5 am dawn breaks, a truly magic moment. The road which is wet is covered with snails moving only marginally slower than me. I unfortunately am now in a bit of a mess, very weak from not eating enough and still feeling sick. As it gets light enough to read my heart monitor, I see that it’s down to 104 and that I’m at 8 km/h, then a little further on 95 bpm and 6 km/h ! I can’t go any faster. I’m so weak but I feel in a calm and dreamy state but with no thoughts of stopping.

Claudie and Marine pass again. Claudie gets out of the car and run (jogs!) along side me offering encouragement whilst Marine continues to drive slowly next to us willing me on. A memorable moment for all three of us. After a 100 m or so, Claudie and Marine drive further up the mountain to wait for me.

Ever so slowly I continue to climb. Coming round a bend, I see our car parked up and I’m aware of an approaching car and cyclist behind me. It’s Elisabeth, Anne’s teammate, with Anne and Pascal in the car. "ça va, Mark, comment vas-tu ? " Elisabeth asks as she passes me. "Pas bien" I reply. I look at the monitor : 94 bpm and my speed is down to 5.8 km/h (is it possible to go any slower and not fall over ?). Anne and Pascal pass in the car and park up next to Claudie and Marine and they ask me to stop. I’m completely exhausted and Anne and Pascal help me off my bike and I sit down on the passenger seat. I see that Anne and Pascal are both shocked by the state I’m in. Anne tells me not to descend the Montagne de Lure in my present condition as it’s too dangerous. They leave to follow Elisabeth. They have their own race to ride. Claudie and Marine make space for me to lie down in the car and try to contact the race doctors but both are on answering machine. So Claudie convinces me I have only one choice which is to induce vomiting, empty my stomach than build myself up again. It works and half an hour later, after being passed by 2 solo riders, I head off again to completed the 4 kilometers to the summit. It’s raining quite hard as we arrive at the top. I’ve taken over 3:30 hours to climb a mountain that last year I rode up in 55 minutes !!
At least, this year, the descent of Lure can be done in daylight. I’m drinking Coca Cola and water mixed 50/50 and eating a few cereal bars, just enough to keep ticking over.
Claudie tells me that Anne has phoned to say that they have decided to wait at Valbelle, the village at the bottom of the mountain de Lure to offer help and encouragement.
At Valbelle, they’re visibly relieved to see me in better health and we all head off to control 7 at Sault.

In her team, it’s Anne’s turn to ride, she respects the non drafting rule but she is must stronger than me and I ask her to ride her own race, I know I’ll finish now, it’ll just take a while ! One after the other, I pass first the col de la Pigière, col de Macuègne and col de l’Homme Mort, there are event moments where I feel quite strong. I catch sight of Anne just before the summit of the Homme Mort, but she descends very fast and I don’t see her again until control 7 at Sault, which is at 530 km, where we arrive just before midday. The return climb of Mont Ventoux had been cancelled as the temperatures had plummeted this morning with the passage of a cold front. Snow is falling above 1800 m and the Ventoux is at nearly 2000 m. Instead we have to pass the lower and easier col des Abeilles before riding the last 50 km to the finish at Saint Rémy. I have to stop several times in the last two hours of my race because of exhaustion. At 3:07 exactly, I pass the finish line. It’s a very emotional moment for myself, Claudie, Marine, Anne and friends and the organisator who were there.

Texte : Mark Haycraft


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Commentaires
A
Bonjour à tous !<br /> <br /> J'ai bien aimé tes récits, Anne, bon celui de Mark je demanderai à mon assistance ...euh à Patricia de me le lire en français. J'en doute pas du fou-rire sur la place de Bonnieux...ça m'a rappelé le titre de ce bon bouquin d'Henri Vincenot ( un bourguignon ) " Le pape des escargots". Bravo donc pour tous vos défis.<br /> <br /> Bon DFU à toute la bande.<br /> <br /> André
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